Je suis heureux de vous retrouver ici pour parler d'agriculture. En France et dans l'Union européenne, lorsqu'on parle d'agriculture, on ne peut pas traiter séparément les fonds engagés par les États de ceux engagés par l'Union européenne.
En ce qui concerne votre périmètre, monsieur le ministre, il n'y a financièrement rien à redire. Vous présentez un budget en augmentation dans lequel, malgré quelques critiques que j'apporterai par la suite, je vois plusieurs points positifs.
Durant cette première année de l'exercice de votre ministère, ce qui m'a frappé agréablement, c'est l'énergie que vous avez mise dans le plan Protéines végétales, lequel se traduit dans le budget par une enveloppe de 100 millions d'euros, et dans le pacte en faveur de la haie, pour lequel vous vous battez depuis un an et dont l'importance a été démontrée par les événements météorologiques des jours derniers. Les haies sont un enjeu stratégique pour le climat, la biodiversité et la meilleure santé des cultures, et le pacte bénéficiera d'un financement de plus de 110 millions d'euros. Je mets également à votre crédit les 250 millions d'euros consacrés au renouvellement forestier et les 200 millions d'euros de crédits en faveur de la souveraineté et des transitions.
C'est ici que je fais le lien entre les 4 milliards d'euros du budget de l'agriculture et les 9 milliards qui nous proviennent du budget de l'Union européenne, puisque, en cette année 2024, nous nous trouvons à un croisement, où les crédits nationaux et les crédits européens s'articulent.
J'ai eu l'occasion de vous interpeller, la semaine dernière, sur la gestion des Maec dans certaines régions, notamment dans les régions d'élevage où elles revêtent une importance stratégique. Ces mesures encouragent concrètement la transition de l'agriculture, avec moins de maïs et plus de pâturages. Plus de prairies, c'est plus de filtres à eau et plus de pièges à carbone.
Je voudrais également aborder la question de l'agriculture biologique qui, depuis une vingtaine d'années, tire l'agriculture conventionnelle vers des pratiques plus vertueuses. Puisque nous allons débattre des crédits de l'Agence bio, je veux dire tout net que, si les agriculteurs bio sont parfois regardés au travers d'un prisme qui suscite le sourire, voire la moquerie, l'agriculture biologique est nécessaire pour concrétiser la loi Egalim, consécutive aux états généraux de l'alimentation, défendue par le ministre Stéphane Travert. Le législateur ayant souhaité que la restauration collective propose 50 % de produits en circuit court, locaux, durables et biologiques, il me semble qu'il faudrait travailler avec le ministère de la santé et le ministère de l'écologie pour encourager les collectivités gestionnaires des établissements scolaires – les régions pour les lycées, les départements pour les collèges, les municipalités pour les écoles –, mais aussi les Ehpad et les hôpitaux, à mobiliser davantage de crédits pour l'achat de produits biologiques.
Étant député de l'Ouest, dans les marches de Bretagne, à Fougères, où l'élevage, plus particulièrement la production laitière, était jusqu'à présent la production dominante, je suis très préoccupé par la déprise – que certains appellent la décapitalisation – et la conversion d'un grand nombre d'élevages vers des exploitations de culture, y compris en Bretagne. Ce phénomène entraîne la fermeture d'abattoirs et la disparition d'outils de transformation. Il pose également la question de notre souveraineté alimentaire