Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie disait hier que la transition vers l'énergie propre était en cours dans le monde entier et que rien ne pourrait l'arrêter. La question n'est plus de savoir si elle se fera, mais dans quels délais. Le même constat peut être fait à l'échelle nationale : le défi n'est plus de convaincre de la nécessité de changer de modèle énergétique, mais d'accélérer nos efforts pour décarboner le plus rapidement possible notre économie.
Les crédits relatifs à l'énergie ne permettront malheureusement pas d'engager l'accélération nécessaire. En matière de rénovation énergétique, nous sommes loin de l'objectif de 700 000 rénovations complètes par an fixé par la stratégie nationale bas-carbone à l'horizon 2030. En 2022, elles n'ont été que 65 939, selon les chiffres de l'Anah. Le Gouvernement a annoncé que MaPrimeRénov' bénéficierait de 1,6 milliard d'euros en autorisations d'engagement supplémentaires en 2024 : ce n'était déjà pas suffisant pour opérer un changement d'échelle, et il y manque 700 millions d'euros.
Les nouvelles modalités d'octroi de MaPrimeRénov' vont en revanche dans le bon sens, pour plus de rénovations d'ampleur et moins de monogestes. Toutefois, la question du reste à charge demeure. Un foyer au revenu de 25 000 euros ne s'engagera pas dans des travaux massifs qui lui coûteront 10 000 euros, même avec un prêt à taux zéro, d'autant qu'en cette période d'inflation, la capacité d'endettement des ménages est particulièrement réduite. Quant aux foyers de la classe moyenne, on attend d'eux qu'ils avancent des montants parfois équivalents à leurs revenus annuels, ce qui semble peu réaliste.
La faculté donnée à l'Anah de valoriser elle-même les aides relevant des certificats d'économie d'énergie (CEE), sans démarche de la part des ménages, est un premier pas vers la simplification du parcours de financement. Mon groupe propose toutefois de franchir une étape supplémentaire en créant une banque de la rénovation qui centraliserait l'ensemble des dispositifs.
Concernant l'électrification du parc de véhicules, le bonus écologique et la prime à la conversion évoluent positivement. Nous devons cependant être réalistes : les véhicules électriques restent trop chers pour une grande partie des ménages. Le leasing social est évoqué pour les plus modestes, mais avec un public cible trop restreint. Nous souhaiterions en outre connaître le coût total du dispositif pour les finances publiques.
En dépit de quelques avancées en matière de rénovation énergétique et de mobilité, les crédits de cette mission nous laissent dubitatifs, si ce n'est critiques.