Monsieur le rapporteur pour avis, vous avez eu le mérite d'avoir examiné le budget d'une politique énergétique qui est un véritable canard sans tête.
Le Gouvernement prétend accélérer le déploiement des énergies renouvelables, mais la Cour des comptes pointe une planification inopérante. Il se félicite d'une réforme du marché européen de l'électricité qui ne changera rien, mais qui entérine la fin des tarifs réglementés pour les ménages. Il nous soumet des crédits énergétiques sans que nous ayons la moindre perspective, puisqu'il ne nous a toujours pas communiqué, alors qu'il y était théoriquement contraint, la loi de programmation de l'énergie, par crainte d'être minoritaire.
Il y a un an, c'est dans le cadre de l'examen de cette mission que nous avions fait voter les 12 milliards d'euros de crédits supplémentaires pour la rénovation thermique que le Gouvernement a balayés par un 49.3 climaticide. Nous avons donc perdu un an – un an de plus ! Cette année, nous devrons nous contenter d'une hausse qui, pour être réelle, n'en demeure pas moins insuffisante par rapport aux besoins.
Au demeurant, nous ne trouvons pas plus que le rapporteur pour avis la totalité du 1,6 milliard d'euros supplémentaire dont se vante le ministre Christophe Béchu. Ce débat permettra peut-être de nous éclairer. Sinon, nous devrons nous contenter du 49.3 !
La politique écologique et énergétique du Gouvernement se résume à : trop peu, trop tard, trop lentement. Elle brille par sa constance autant que par son insuffisance. Nous sommes nombreux, par-delà nos différences, à le constater et à le regretter.
S'agissant de la rénovation énergétique, il faudrait rénover environ 300 000 logements classés F ou G par an pour faire disparaître les 7,2 millions de passoires thermiques qui existent dans notre pays. L'an dernier, MaPrimeRénov' n'en a fait sortir de cette catégorie que 2 500. À ce rythme, il nous faudra 2 500 ans pour atteindre notre objectif ! Nous sommes très loin du compte et les efforts prévus pour 2024 ne suffiront pas à rattraper le retard.
Pourtant, l'argent existe. La baisse du coût du bouclier tarifaire permettra de dégager 6,8 milliards d'euros, qui auraient dû être redéployés pour accélérer la rénovation énergétique des logements, modérer les factures de chauffage de nos concitoyens et arrêter l'explosion de la dette écologique. Ne pas faire cet investissement s'apparente à une quadruple peine : nous aggravons notre retard vis-à-vis de nos objectifs écologiques et climatiques, nous ratons une occasion de créer massivement des emplois non délocalisables, nous soumettons les Français à une forme de matraquage tarifaire et enfin nous gérons mal les fonds publics, puisque l'absence de travaux d'isolation nécessitera des mesures de soutien.