Comme je l'ai dit dans mon intervention liminaire, le différentiel entre le programme 140 Enseignement scolaire public du premier degré et le programme 141 Enseignement scolaire public du second degré est de 14 milliards d'euros. Depuis des décennies, les gouvernements successifs affichent leur volonté de donner la priorité aux fondamentaux, c'est-à-dire à l'école primaire. Le Gouvernement actuel ne déroge pas à la règle, puisque Gabriel Attal a appelé à un « choc des savoirs ». Il serait légitime que cet objectif se traduise par un effort budgétaire particulier en faveur de l'enseignement primaire.
L'enseignement secondaire public continue pourtant de bénéficier de dotations très supérieures à celles de l'enseignement primaire public. Cette distorsion dans l'allocation des moyens est d'ailleurs une spécificité française. Dans son rapport de 2015 sur le coût du lycée, la Cour des comptes a montré deux choses : non seulement le lycée coûte plus cher en France que dans les autres pays de l'OCDE, avec un écart estimé à 38 %, mais la différence de coût entre lycéens et élèves de l'école primaire est nettement plus prononcée en France. En 2020, le coût d'un élève du premier degré était de 6 980 euros, alors qu'un élève du second degré coûtait à la nation 9 850 euros, selon les chiffres officiels.
Il est temps de rééquilibrer les choses. Les pays qui ont de bons résultats en matière d'enseignement et de maîtrise des fondamentaux, comme la Finlande, ont un coût par élève quasiment identique entre le premier et le second degré. L'école primaire a besoin d'être sérieusement renforcée dans notre pays, car elle est le socle sur lequel repose tout l'édifice de l'enseignement scolaire. Actuellement, le budget ne le prévoit pas. Il faut le regretter. Je me doute bien que mon amendement ne sera pas accepté, mais nous devons en débattre.