Nous avons un désaccord de fond sur la manière de penser le lycée professionnel, monsieur le ministre. Vous parlez de savoirs fondamentaux, mais de notre côté nous sommes attachés aux enseignements disciplinaires, enseignements professionnels, enseignements généraux, car nous voulons élever le niveau de qualification des élèves en lycée professionnel. Vous défendez au contraire une vision minimaliste, utilitariste, qui soumet le lycée professionnel aux besoins immédiats et locaux des entreprises. C'est d'ailleurs la vocation des bureaux des entreprises que vous ouvrez dans chaque lycée que d'organiser cette soumission du service public de l'éducation à la seule finalité économique.
S'agissant du décrochage, mon amendement tend à créer une allocation d'autonomie pour les lycéens professionnels. Vous préférez gratifier les stages à hauteur de 50 ou 100 euros par mois. Or c'est le fait que certains lycéens professionnels travaillent qui favorise le décrochage. Beaucoup y sont contraints dès 16 ans, car ils sont issus d'un milieu trop modeste pour que leurs familles puissent financer leurs études – mais, bien souvent, le travail finit par prendre le pas sur les études et certains d'entre eux décrochent. Notre proposition d'allocation d'autonomie vise à valoriser le lycée professionnel, à reconnaître l'engagement de la jeunesse de ces lycées, mais aussi à lutter efficacement contre le décrochage scolaire. C'est bien mieux que vos 50 euros par mois qui témoignent de votre déconnexion totale et de votre incapacité à comprendre ce qu'endurent des dizaines de milliers de lycéens professionnels pour survivre.