Ce débat ne se résume pas à la rémunération des enseignants : il doit aussi porter sur celle de l'ensemble des fonctionnaires qui travaillent dans le service public de l'éducation, et c'est un sujet majeur. Au demeurant, le salaire ne traduit pas seulement le pouvoir d'achat, mais aussi la valeur que donne la société au travail effectué. Mes collègues ont déjà dit que les salaires sont extrêmement bas en France pour les enseignants. Je vous redonne les chiffres : les professeurs français commencent à un niveau salarial deux fois moindre qu'en Allemagne, un tiers de moins qu'en Espagne et, de surcroît, ils ont perdu de 20 % à 25 % de leur pouvoir d'achat depuis 2000 ! Peut-on imaginer la même chose se produire pour un autre métier ? Cela aboutit à une paupérisation extrêmement forte, donc évidemment à une perte d'attractivité.
En commission des affaires culturelles et de l'éducation, j'avais pris l'exemple d'un instituteur, parent isolé, qui commence après sa titularisation à 2 000 euros net, ce chiffre dont on a déjà tant parlé, et qui tente de se loger à Paris. Son salaire est en dessous de la valeur du loyer d'un T4, un quatre-pièces dans la capitale ! Comment voulez-vous qu'il puisse se loger ? On assiste à un processus de paupérisation des enseignants, et c'est extrêmement grave. Dans ces conditions, qui veut faire ce type de travail – qui est de surcroît extrêmement dur les premières années, celles de la formation ? Cette dévalorisation d'un métier si mal payé se retrouve désormais dans le regard des élèves et de leurs parents, et elle aboutit évidemment à ce qu'un nombre important de postes restent vacants – c'est le cas de 3 200 postes en 2023. Je vous alerte à mon tour, monsieur le ministre, après mon collègue Paul Vannier : il y a un risque d'effondrement du système éducatif, à l'instar du système hospitalier. On en est vraiment arrivé au point où le service public risque de s'effondrer.
Je conclurai en rappelant que la solution à toutes ces difficultés, ce n'est certainement pas la multiplication des primes que vous êtes en train d'organiser, monsieur le ministre ! Il s'agit pour vous de revaloriser uniquement par une hausse des primes, lesquelles mettent en concurrence l'ensemble des agents sur des tâches supplémentaires qui augmentent leur charge de travail ! Ces primes et cette mise en concurrence vont encore accélérer l'effondrement. Voilà pourquoi cet amendement propose une augmentation de 10 % des salaires pour tous les enseignants.