Le XXI
Monsieur le ministre, votre budget aura beau aligner tous les superlatifs, il n'est pas à la hauteur de cet enjeu de civilisation auquel doit répondre un véritable projet éducatif. Depuis votre nomination, il y a trois mois, nous vous avons énormément vu et entendu sur tous les plateaux de télévision, sur toutes les radios, sur tous les réseaux sociaux. Or un budget constitue l'occasion de passer de la parole aux actes. Si celui-ci contient quelques avancées, il ne donne pas corps aux grandes annonces que vous avez faites. Vous avez dit vouloir faire de la lutte contre le harcèlement scolaire la grande cause de cette rentrée, mais vous n'y consacrez aucun moyen. Vous annoncez une expérimentation nationale sur le port de l'uniforme dans les établissements, mais aucun crédit n'y est dédié. Comment vous croire ? C'est une question de sincérité, non seulement budgétaire, mais aussi politique.
Dans cette actualité folle où, chaque jour, une séquence en chasse une autre, je ne veux surtout pas oublier qu'un professeur, Dominique Bernard, est mort assassiné il y a un mois. Assassiné parce qu'enseignant, comme Samuel Paty il y a trois ans, et non pas n'importe où, mais aux portes de son établissement.
Pourtant, ce budget ne contient aucune mesure pour la sécurité de nos enfants ni pour celle des personnels de l'éducation nationale, qui sont pourtant devenus de véritables cibles. À cela, vous avez répondu, en commission, que cette mission ne relève pas de votre compétence, mais de celle des collectivités – comme si la sécurité n'était pas le premier devoir de l'État.
Un tiers des lycéens suivent la voie de l'enseignement professionnel, mais vous n'en parlez jamais. Vous parlez de mixité sociale ? Où est la mixité sociale en lycée professionnel ? Comme tous les bien-pensants, vous vous complaisez à ce que le lycée pro reste la voie de l'assignation sociale et des choix par défaut.
Enfin, où est votre politique de valorisation du mérite, tant celui des élèves que celui des enseignants ? Alors que, à leur sortie de la rue d'Ulm, Sartre et Aron étaient nommés au lycée François-Ier du Havre, Pompidou au lycée Saint-Charles à Marseille, désormais les meilleurs étudiants fuient l'enseignement. Croyez-vous sérieusement, monsieur le ministre, que c'est avec une revalorisation de 200 euros par mois en moyenne que l'on retournera la table ?
Il faut un vrai débat sur l'éducation, et non une discussion budgétaire à la sauvette un vendredi soir. Quel projet pour l'éducation nationale ? Quelles missions pour les enseignants et pour l'ensemble des personnels ? Quel avenir pour les jeunes ? Êtes-vous prêt, monsieur le ministre, à ouvrir ce débat, pour que nous puissions dire clairement ce que nous attendons de l'école ? Il est urgent de le faire, car nous avons besoin d'un grand New Deal pour l'école républicaine. Pour l'heure, le groupe Les Républicains votera contre ce budget.