Intervention de Roger Chudeau

Séance en hémicycle du vendredi 3 novembre 2023 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2024 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoger Chudeau :

Un budget est la traduction d'une politique. Que disent de votre politique les crédits que vous nous proposez ? Examinons donc la présentation stratégique que vous faites de la mission "Enseignement scolaire " dans le projet annuel de performances. On y trouve pêle-mêle la sempiternelle incantation de la priorité donnée aux fondamentaux, une nouvelle sixième réduite à une heure de soutien, un rafistolage du lycée – abîmé par vos deux prédécesseurs –, l'énumération de dispositifs tels que les cités éducatives – oxymore ! –, des parcours de métiers qui ont au moins trente ans, l'éducation artistique et la pratique sportive – vieux mantras éculés de ministères sans imagination –, ou encore la formation continue des enseignants, en friche depuis quarante ans.

Bref, cette présentation censée proposer à la représentation nationale un concept stratégique de l'action éducatrice de l'État n'a, hélas, absolument rien de stratégique. Simple inventaire de mesures techniques souvent recyclées, elle est conforme à l'obligation de moyens, mais ignore totalement l'obligation de résultat.

Bien sûr, le budget prévoit la revalorisation de la rémunération du corps enseignant et d'autres catégories de personnel. La belle affaire ! La moitié de cette revalorisation – le pacte enseignant – consiste en fait à rétribuer des heures supplémentaires ; il ne s'agit donc nullement d'une réelle augmentation. De toute manière, après cette demi-revalorisation, un jeune professeur français gagnera toujours environ deux fois moins que son collègue germanique. Ce dispositif n'a donc rien de stratégique : il s'agit d'une mesure d'urgence qu'il aura fallu attendre six longues années.

Vous avez récemment découvert l'« effet maître », décisif en matière de transmission du savoir. Malgré cela, on ne trouve nulle part de réflexion ni de projets relatifs aux missions, à la formation initiale et continue et aux obligations de service des enseignants pour le XXIe siècle. Par contre, vous réussissez le tour de force de supprimer encore, dans un budget en hausse, 2 600 emplois de professeur.

Arrivé en fanfare au ministère de l'éducation nationale, vous vous êtes hâté d'emprunter au programme présidentiel de Marine Le Pen deux ou trois concepts…

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