Intervention de Béatrice Descamps

Séance en hémicycle du vendredi 3 novembre 2023 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2024 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBéatrice Descamps :

Ce n'est pas sans émotion que je prends la parole sur le budget de l'enseignement scolaire, dont l'examen a été endeuillé par le décès de Dominique Bernard, assassiné parce qu'il était enseignant. Comme Samuel Paty, il a pris le chemin du lycée le matin, sans se douter qu'il ne rentrerait jamais à la maison. Il a sans doute évité un massacre et s'est sacrifié face à l'aveuglement et à la haine du terrorisme.

C'est donc avec gravité que notre groupe a abordé les crédits de la mission "Enseignement scolaire" . Nous en saluons la hausse et les avancées, qui constituent une réponse aux enjeux d'avenir auxquels nous faisons face. Nous avons eu la grande satisfaction d'être entendus, en commission, sur la question de la diminution des effectifs d'enseignant : 1 709 équivalents temps plein (ETP) dans le primaire et 481 dans le secondaire devaient initialement être supprimés. Les commissaires ont permis, non sans être conscients des enjeux démographiques mais en avançant des arguments constructifs et raisonnés, de revenir sur ces suppressions. J'espère très sincèrement que la position démocratique des députés de la commission des affaires culturelles et de l'éducation sera entendue et préservée, car elle résulte d'un constat qui provient du terrain, des salles de classe elles-mêmes, dressé au plus près de la réalité pratique de l'enseignement.

En revanche, nos propositions concernant la revalorisation des salaires des enseignants n'ont pas été entendues. Certes, celles qui sont successives intervenues ces derniers mois sont positives, en particulier pour les néotitulaires, mais elles ne suffisent pas à rattraper quinze ans de retard, notamment pour ceux qui sont en milieu ou en fin de carrière.

Par ailleurs, notre groupe tient absolument à alerter sur la question de la santé à l'école et sur le manque de médecins et d'infirmiers scolaires qui entraîne des conséquences désastreuses. Pour nombre d'enfants, le médecin ou l'infirmier scolaires sont les seuls professionnels de santé qu'ils consultent. L'accompagnement des élèves atteints de pathologies chroniques, la prévention de la maltraitance familiale, le manque croissant de médecins de famille nécessitent de prendre la mesure de la gravité de la situation et de pourvoir à nouveau les écoles en médecins et en infirmiers. Or nous regrettons, année après année, l'absence d'avancée dans ce domaine. Un amendement en ce sens a été adopté en commission par nos collègues du groupe Socialistes et apparentés, et nous nous en réjouissons.

Le constat est malheureusement le même pour les assistants sociaux et pour les psychologues scolaires. Pourtant, les situations de harcèlement scolaire et de détresse psychologique des jeunes n'ont jamais été aussi fréquentes, dont certaines ont connu des issues dramatiques.

Je souhaite également évoquer le sujet de la scolarité des élèves en situation de handicap. Nous avons été très heureux d'obtenir, en commission, l'adoption de notre proposition de revaloriser les AESH. Vous savez, monsieur le ministre, à quel point la question des conditions de travail des AESH me tient à cœur et je tiens tout d'abord à saluer les avancées de ces dernières années sur le plan de la reconnaissance de ces professionnels, – car, oui, ce sont des professionnels. L'amendement voté en commission constituera pour eux un petit plus, tout à fait nécessaire. C'est pourquoi j'espère le voir pérennisé dans le budget définitif.

Par ailleurs, nous proposerons à nouveau que les AESH aient la possibilité de bénéficier, s'ils le souhaitent, d'une formation complémentaire leur permettant de se spécialiser ; cela permettra également d'accroître leur nombre. Il s'agit de répondre à l'enjeu éminemment républicain d'universalité d'accès à l'école et à l'éducation, dès lors que le handicap de l'enfant est compatible avec une scolarisation en milieu ordinaire.

Je terminerai en évoquant les 1 462 communes qui continuent à déployer des activités périscolaires, grâce au fonds de soutien au développement des activités périscolaires, et qui ne pourront plus se le permettre si celui-ci est supprimé.

Sur ce budget qui touche à l'avenir de nos enfants et, par là même, à notre avenir commun et à celui de notre pays, nous devons, plus que jamais, être cohérents, constructifs et conscients des enjeux. Nous devons tout mettre en œuvre pour la construction, l'épanouissement et la réussite de chacun de nos enfants, pour tendre vers l'égalité des chances dans une école bienveillante, lieu d'émancipation et du vivre ensemble.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion