Parler de l'école, c'est parler du premier budget de l'État, du premier employeur de la nation, du passé, du présent et du futur de notre pays. Parler de l'école, c'est parler de ces journées passées à apprendre ce qui nous suivra toute notre vie : les savoirs fondamentaux – la langue française, les opérations, le monde tel qu'il est – et la maîtrise de soi – célébrer les joies, surmonter les peines, aiguiser sa liberté et son esprit critique.
Comme chaque année, nous devons donner un budget à notre école. Rares sont les missions budgétaires qui nous permettent de rendre concrètement à la nation un peu de ce qu'elle nous a donné. Au moment d'examiner les crédits budgétaires de la mission "Enseignement scolaire" pour 2024, nous disons notre reconnaissance et notre gratitude à tous les visages de l'école, à ces hommes et à ces femmes qui accompagnent chaque jour 12 millions d'élèves sur le chemin de la réussite. Chacun d'eux enracine la République dans les esprits et dans les cœurs. Chacun d'eux donne tout son sens à la promesse d'émancipation par la connaissance et le travail.
En cet instant, il est impossible de ne pas penser à Dominique Bernard, tombé sous les coups d'un terroriste islamiste le 13 octobre dernier. Impossible aussi de ne pas évoquer le souvenir de Samuel Paty. La mémoire tragique des drames d'Arras et de Conflans-Sainte-Honorine nous invite à redoubler de détermination dans le combat du savoir, dans la lutte contre l'obscurantisme et dans la résistance aux remises en cause de l'autorité républicaine.
Monsieur le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, chers collègues, combien de générations d'hommes et de femmes politiques engagées pour l'école auraient rêvé de présenter un tel budget ? L'école, ce n'est pas qu'une question d'argent, mais, reconnaissons-le, l'argent a trop longtemps été une question pour l'école. L'histoire de ce budget, c'est l'histoire d'une promesse tenue : celle du Président de la République de réarmer nos services publics et, en particulier, l'éducation nationale.
Depuis six ans, les seuls crédits de la mission "Enseignement scolaire " ont augmenté de plus de 14 milliards d'euros alors même que le nombre d'élèves n'a cessé de diminuer. Les moyens supplémentaires sont donc mis au service d'une amélioration qualitative de l'école. Avec une augmentation de crédits de 4,4 milliards en 2024, nous vivons, pour la deuxième année consécutive, une augmentation historique du budget alloué à l'école. Cette hausse est en grande partie dévolue à la revalorisation des salaires des enseignantes et des enseignants, qui permet de rattraper le retard français dans ce domaine, notamment en début de carrière. Nous assumons le choix de reconnaître l'engagement des professeurs. Le pacte que les chefs d'établissement peuvent désormais conclure avec eux s'inscrit dans une logique gagnant-gagnant visant à élever leur niveau de rémunération, mais aussi le niveau global des élèves. Plus qu'un rattrapage conjoncturel, cet engagement financier est un investissement dans l'avenir de la nation française, dans son rayonnement intellectuel et dans sa réussite économique.
Une école de l'excellence, c'est possible, et ce budget tourne définitivement le dos à la logique du nivellement par le bas. Avec le dédoublement des classes, les cités éducatives, les territoires éducatifs ruraux et la réforme de la voie professionnelle, nous voulons dire à chaque enfant de France qu'il détient les clefs de sa propre réussite, d'où qu'il vienne.
Une école de la confiance, c'est possible. Ce budget vient soutenir les projets au plus près du terrain : il fait la part belle aux initiatives locales et consacre l'engagement des communautés éducatives.
Une école de la bientraitance, c'est possible. Les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) sortent massivement de la précarité statutaire pour construire l'école inclusive. Le harcèlement scolaire est l'ennemi public numéro un et c'est avec la même détermination que nous voulons éradiquer toute atteinte à la laïcité, notre ciment commun. Bien sûr, beaucoup reste à faire pour le bien-être à l'école. Vous connaissez mon engagement en faveur de la médecine scolaire, qui a besoin d'un regain de considération davantage que de moyens. Je pense aussi à l'orientation professionnelle, qui reste une angoisse pour les élèves et les parents, classe après classe.
Nous avons débattu de tous ces sujets en commission et nous avons défendu des propositions souvent transpartisanes. Malheureusement, les logiques politiciennes l'ont emporté et les oppositions ont préféré rejeter en bloc les crédits de la mission "Enseignement scolaire" . En votant contre l'augmentation des salaires des enseignants et des AESH, contre la rémunération des stages des lycéens de la voie professionnelle, contre la consolidation des moyens visant à lutter contre le harcèlement et contre la revitalisation de la médecine scolaire, les oppositions ont manqué de respect à l'école de la République.