L'écologie à la française, suite ! Sans surprise, mais contre toute logique, on adore toujours autant la bagnole ! Si on compare le budget des seuls nouveaux projets routiers à celui alloué aux forêts en France, on a d'un côté 500 millions d'euros pour les arbres et, de l'autre, 700 millions d'euros pour le goudron. Quelle leçon !
Vous assumez vos choix, en prétendant qu'il est impossible de faire mieux. Or vous nous présentez ce budget au moment où vous passez en force pour construire l'autoroute A69, symbole de l'absurdité de votre politique écologique. Ce projet est inutile et archaïque. Alors que nous regardons, impuissants, l'effondrement du vivant, il consiste à détruire des zones humides, des terres agricoles et des espèces protégées pour littéralement longer une route nationale qui pourrait être réaménagée. Ne nous racontez pas la fable des cinq arbustes qui remplaceraient chaque arbre centenaire abattu ! Il faudrait des dizaines et des dizaines d'années pour que ces arbustes, s'ils survivent, rendent les mêmes services écosystémiques. Malheureusement, ces dizaines d'années, nous ne les avons pas, nous ne les avons plus.
Des chercheurs du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) et près de 2 000 autres scientifiques vous supplient d'arrêter ce massacre. Des gens ont même mis leur vie en jeu pour faire entendre la voix du vivant et le droit des générations futures. Mais que valent ces protestations face à la possibilité de gagner quinze minutes de trajet, pour 17 euros l'aller-retour ?
Au désespoir des grévistes de la faim, puis de la soif, qui ont ému la France entière, vous avez répondu par une fausse concertation à laquelle ni eux ni les collectifs n'étaient conviés. Toute honte bue, vous avez conclu que le projet bénéficiait d'un soutien majoritaire. Plus de 200 élus qui, par une habile sélection, n'étaient pas conviés non plus, continuent pourtant de se dresser contre cette aberration. Face à la détresse et à l'honneur, vous optez pour le mépris. Cette nuit, vous avez même mis les écureuils en cage. Ces défenseurs du vivant perchés dans les arbres, qui nous rappellent l'importance de tenter de sauver ce qui peut l'être, vous les avez envoyés en garde à vue !
Vous faites fausse route, monsieur le ministre délégué. Plus exactement, vous appuyez sur l'accélérateur et vous nous envoyez dans le mur ! Il n'est cependant pas trop tard pour bien faire. Arrêtez ce projet, décrétez un moratoire sur les nouvelles infrastructures routières et étudiez les alternatives. Revoyez votre copie et préférez les arbres au bitume.