Je suis défavorable à ces amendements.
Quand un élève décide de ne pas aller dans un lycée professionnel situé à trente ou quarante kilomètres de chez lui, ce n'est pas toujours en raison d'un problème de transport ou de coût du transport : c'est aussi une question culturelle. Des élèves de lycée professionnel n'osent pas quitter la ville dans laquelle ils vivent. Même si on payait leurs frais de transport, cela ne réglerait pas tout. Cependant, nous sommes bien conscients que le transport peut être une question difficile pour un certain nombre de lycéens. Si le coût moyen est plus élevé, de 130 euros, pour les lycéens professionnels, ce n'est pas vrai dans tous les cas : je ne crois donc pas qu'il serait opportun de donner 130 euros à l'ensemble des lycéens professionnels. Par ailleurs, les régions ont créé différents dispositifs. Beaucoup d'entre elles offrent aux lycéens, qu'ils se trouvent dans la voie professionnelle ou dans la voie générale et technologique, la gratuité dans les transports régionaux.
Nous avons entendu la petite musique habituelle au sujet de la réforme du lycée professionnel. On a très longtemps dit que l'augmentation du nombre de périodes de stage signifierait un affaiblissement de l'enseignement général dans les lycées professionnels. Or ce n'est pas le cas. Depuis la rentrée 2023, les heures de mathématiques et de français peuvent être dispensées en groupes à effectif réduit, en particulier dans les classes de seconde professionnelle et en première année de CAP dans les lycées professionnels volontaires, et cette mesure concernera l'ensemble des lycées professionnels à partir de la rentrée 2024. Par ailleurs, les établissements volontaires peuvent désormais proposer des activités optionnelles aux élèves – des cours de création numérique, de codage, de langue ou encore d'entrepreneuriat. On laisse, en la matière, de l'autonomie aux établissements.
Quant à l'ouverture de 8 000 classes supplémentaires en lycée professionnel, pourquoi pas, mais regardons d'abord les effets de la réforme, en particulier en matière d'attractivité. Si celle-ci augmente, il y aura fatalement des ouvertures de classe dans les prochaines années.
Pour ce qui est des campus des métiers et des qualifications, je crois que nous serons tous d'accord pour reconnaître qu'ils permettent de fédérer, au sein d'un territoire, les acteurs éducatifs et économiques autour de filières dynamiques. Ces campus, au nombre de 116, dont cinquante sont reconnus d'excellence, parce qu'ils portent les projets les plus ambitieux, n'ont pas cessé de monter en puissance depuis la première vague de labellisation, en 2014, et ils s'inscrivent dans un véritable maillage territorial. Ils sont présents partout, y compris outre-mer. Le dispositif me semble suffisamment soutenu par l'État. Comme il n'y a pas, à proprement parler, de menace planant sur ces structures, il n'est pas forcément nécessaire d'augmenter leur financement.
En ce qui concerne les crédits consacrés à l'apprentissage, une augmentation de 4,5 % est prévue dans le PLF. Les effectifs d'apprentis continuent d'augmenter en France, même si c'est désormais à un rythme moins soutenu, de 6,5 %. Je ne vois pas bien en quoi il serait pertinent, à ce stade, d'aller encore plus loin.
S'agissant de la formation initiale et continue des personnels de l'Éducation nationale à la prise en charge des élèves allophones, vous l'avez dit vous-même : des modules de formation existent, en particulier dans le cadre de la formation continue. Néanmoins, seuls 2 % des enseignants des lycées professionnels les suivent. S'il y a un effort à réaliser, il ne porte pas sur l'augmentation des moyens : il s'agirait plutôt d'inciter les enseignants à suivre les formations qui existent déjà, notamment en facilitant les choses sur le plan organisationnel.
Pour ce qui est des temps d'immersion dans les entreprises pour les professeurs des lycées professionnels, j'ai un peu de mal à vous répondre. C'est plutôt une question à poser au ministre.