Notre action en Afrique doit être guidée par un réalisme total. Il faut voir les choses telles qu'elles sont aujourd'hui. Le Niger est le troisième pays le plus pauvre du monde. Depuis plusieurs années, une demi-douzaine de pays occidentaux œuvrent au côté des Nigériens pour leur fournir une aide dans le domaine militaire, mais aussi économique. Je peux en témoigner, nous avons tout fait pour les aider et nous avons obtenu des résultats. Compte tenu de sa situation géographique et de l'instabilité de la région, le Niger s'en tirait plutôt assez bien.
Il faut être conscient des enjeux auxquels nous faisons face en Afrique. Ils concernent notamment la lutte contre le terrorisme et la maîtrise des flux migratoires. En outre, nous devons faire en sorte de ne pas laisser l'influence de nos grands compétiteurs se développer. Mais ces enjeux ne sont pas franco-français, ils concernent au moins les Européens, sinon les Américains. Nous ne pouvons donc pas être les seuls à agir.
Quoi qu'il en soit, nous devons regarder la situation en face. Notre histoire avec le continent africain est spécifique, mais quoi qu'en disent certains, j'estime que nous avons plutôt agi de manière bien attentionnée. Aujourd'hui, en Afrique, tout se joue dans le champ des perceptions. Cela ne signifie pas que nous n'avons plus de véritables cartes à jouer en Afrique. Au-delà du sentiment anti-français qui peut se développer, nous disposons encore de contacts sur place. Nous disposons encore d'une expertise, si nous sommes capables d'y ajouter le filtre du réalisme total. Cependant, nous ne devons plus utiliser les leviers qui constituaient hier nos atouts, mais qui sont aujourd'hui des points de vulnérabilité.
Telle est la réalité, que nous devons comprendre. Nous devons donc être capables d'interagir dans ce nouveau contexte. Nous devons nécessairement prendre en compte les enjeux de la lutte contre le terrorisme, des flux migratoires et de l'influence de nos compétiteurs. Mais il faudra agir de manière très différente.