La question des ressources humaines est effectivement capitale : le jour où nous n'arriverons plus à recruter, nous serons confrontés à de grandes difficultés. De nombreux autres pays y ont d'ailleurs déjà été confrontés. Le problème est plus large, car il n'existe pas de séparation entre le marché du travail civil et le marché du travail militaire : il n'existe qu'un seul marché du travail. Nous sommes tous confrontés à l'évolution des mentalités et de la relation entre les employeurs et les employés.
La LPM consacre une très forte somme d'argent (413 milliards d'euros) aux armées. Mais au-delà des montants affichés, la question sous-jacente concerne les investissements consentis envers les hommes et les femmes qui les composent : en forçant le trait, une armée n'est pas tant financée pour ce qu'elle fait que pour ce qu'elle doit être capable de faire. Dès lors, ces sujets embrassent à la fois les rémunérations des personnels, mais aussi leur place dans la société et la reconnaissance de leur rôle par la nation.
Au cœur du dispositif se trouve la mobilité : la mobilité inhérente à la fonction militaire, c'est-à-dire la disponibilité en tous lieux et en tous temps, mais également la mobilité en tant « qu'escalier social ». Cet escalier social est au cœur des armées : si le chef ne s'en va pas le moment venu, son subordonné n'évolue pas. Une des caractéristiques majeures dans les armées est la suivante : nous sommes toujours en train de nous préparer à prendre la place de notre chef. Cela va même plus loin : dans les armées, votre chef vous aide à vous préparer pour prendre sa place. Au-delà, il nous faut prendre en compte les conséquences de la mobilité, et particulièrement sur le travail des conjoints, la scolarisation des enfants, l'accession à la propriété ou encore l'accès aux soins. Dans ce domaine, le périmètre des armées ne suffit pas, le sujet relève de la responsabilité de la nation entière. Il est nécessaire de revoir ces éléments, assez rapidement. Nous nous y attelons.