Alors que de nombreux pays ont décidé de sous-traiter le développement et la production de leur armement à des puissances tierces, nous ne pouvons que nous féliciter de l'indépendance et de la bonne santé de la BITD française. Elle participe activement à la sécurité, la souveraineté et, disons-le, à la diplomatie de notre nation. Aussi, au nom des députés du groupe Rassemblement national, j'aimerais exprimer notre respect et notre soutien à ces hommes et ces femmes qui, au sein de nos grandes, moyennes et petites entreprises, permettent à cette industrie de vivre, innover et promouvoir le génie français par leurs exportations aux quatre coins du monde, ou presque.
Il y a, en effet, une exception qui peut paraître paradoxale : le marché européen. Alors qu'on nous explique, à tue-tête, du matin au soir, que l'avenir de notre défense, c'est l'Europe de la défense, nos partenaires continentaux privilégient souvent des intérêts diplomatiques extérieurs à ceux de leur allié européen, la France. J'en veux pour preuve qu'avec seulement 2,5 milliards d'euros de commandes en provenance des pays de l'Union européenne, la France n'hérite que de 2,5 % des parts du marché européen en 2022. Ce constat est accablant.
Quel meilleur exemple pour l'illustrer que celui de l'Allemagne : Berlin n'a passé que 63 millions d'euros de commandes à la France en 2022, soit moins que celles adressées à la Serbie et la Macédoine du Nord. On ne pourra pas reprocher à la France de ne pas avoir joué le jeu : nous avons remplacé notre vénérable Famas par le HK416 allemand alors que des solutions souveraines existaient. Et que dire des coopérations européennes forcées dans lesquelles nous sommes embringués avec Berlin, parfois contre nos intérêts souverains ? Le lancement d'un programme de remplacement du char Léopard, en parallèle et au détriment du système principal de combat terrestre (MGCS) avec d'autres partenaires que la France, est un scandale de même que l'arrivée de l'entreprise américaine IBM pour l'intelligence artificielle dans la version allemande du système de combat aérien du futur (SCAF). La France est le dindon de la farce et cela met en danger des exportations futures.
Nous pourrions également parler de la Pologne qui, alors qu'elle affirme vouloir développer la plus grande armée terrestre d'Europe, privilégie les commandes de matériels états-uniens, voire sud-coréens, pour équiper ses forces. Ne nous y trompons pas, à Berlin comme à Varsovie, l'Europe de la défense n'est vue au mieux que comme une chimère, au pire comme une volonté délirante franco-française. Pour eux, les ambitions françaises ne font pas le poids face au bénéfice du bouclier américain.
S'il est un domaine dans lequel nous ne pouvons pas nous permettre d'être naïfs, c'est bien notre défense, et tout particulièrement notre BITD. Que comptez-vous faire pour remédier à cet état de fait ? Jusqu'à quand poursuivrons-nous aveuglément cet agenda eurobéat sans jamais demander de contreparties réelles sonnantes et trébuchantes à nos partenaires ?