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Intervention de Laurent Panifous

Séance en hémicycle du mardi 24 octobre 2023 à 21h30
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Panifous :

J'insisterai également sur les métiers. Permettez-moi de vous dire que la trajectoire des 50 000 postes en Ehpad d'ici à 2027 n'est ni crédible ni réalisable au regard des actions que vous avez engagées jusqu'ici.

Combien de postes ont effectivement été financés sur les 3 000 qui étaient prévus dans le PLFSS pour 2023 en Ehpad ? Comment comptez-vous respecter l'objectif de 50 000 postes que vous avez annoncés pour 2027 alors que seulement 6 000 équivalents temps plein sont prévus pour 2024 ? Pourtant, nous sommes convaincus que l'ouverture concrète de ces postes pendant les trois années à venir contribuerait à redonner une image positive de ces métiers, à améliorer leur attractivité, à faire revenir celles et ceux, si nombreux, qui les ont quittés, le plus souvent en raison des conditions de travail.

C'est pourquoi je réfute l'argument selon lequel il est inutile de créer des postes au vu des difficultés de recrutement actuelles. Je crois que vous prenez le problème à l'envers : le manque d'attractivité de ces métiers est la conséquence directe des conditions de travail dans nos établissements et du ratio d'encadrement trop faible qui abîment et fragilisent les personnels. Des femmes et des hommes qui aiment pourtant profondément leur métier craquent et abandonnent, car ils perdent espoir. C'est l'ampleur du désarroi des professionnels et des structures qui les emploient qui conduit à une dégradation de l'accueil, des soins et de l'accompagnement des personnes. Concrètement, 6 000 postes, sur le terrain, c'est moins d'un poste par établissement ; le signal n'est pas bon. Nous devons redonner confiance.

Je sais, monsieur le ministre, monsieur le ministre délégué – et je pense aussi à Mme Bergé –, que nous partageons le diagnostic et la volonté de prendre en charge nos aînés de la manière la plus digne, partout sur le territoire. Cette ambition est partagée sur tous les bancs. Pourquoi donc ce PLFSS n'entérine-t-il pas une trajectoire décisive et ambitieuse pour les plus fragiles d'entre nous ? C'était l'engagement du Président de la République. Combien de temps encore avant de sanctuariser un financement ad hoc et pérenne pour l'autonomie, trois ans après la création de cette branche ? Pourtant, nous vous avons fait des propositions, à commencer par celles d'instaurer une contribution spécifique, à travers une augmentation de la CSG sur les revenus du capital, ou une contribution sur les donations et successions les plus élevées. En vain !

Nous nous félicitons du soutien aux établissements accueillants des personnes âgées, mais force est de constater que le fonds d'urgence de 100 millions d'euros reste très insuffisant face aux taux de défaillance inédits des établissements.

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