Enfin, la troisième erreur du Gouvernement consiste à penser que le système de santé tiendra quoi qu'il en coûte. Oui, le personnel soignant est remarquable. Oui, les soignants donnent sans doute plus encore que nous tous aujourd'hui, ils travaillent de toutes leurs forces et parfois bien au-delà, mais à force de tirer sur la corde, un jour, ça craque. Les urgences ferment. Les soignants font des burn-out. Des opérations sont déprogrammées, comme des centaines d'opérations pédiatriques l'ont été à Grenoble, dans l'Isère. Les soignants trinquent, les patients trinquent ; tout le monde est essoré. Telle est la réalité : un jour, le système ne tiendra plus.
En effet, même si la fixation d'un objectif de dépenses d'assurance maladie, l'Ondam, ressemble à une mesure technique, sa sous-évaluation entraîne des conséquences concrètes dans les hôpitaux. Les dépenses s'en trouvent resserrées et les soins rationalisés. On demande au personnel soignant d'être plus productif – comme si on pouvait parler de productivité lorsqu'il s'agit de soigner autrui – et on modère la masse salariale.
Certes, l'Ondam augmente, mais cette hausse est largement insuffisante. La FHF demande 2 milliards d'euros supplémentaires pour le volet hospitalier, 700 millions supplémentaires pour le volet relatif aux personnes âgées et 100 millions supplémentaires pour le volet relatif aux personnes en situation de handicap. Le groupe Écologiste affirme qu'il est possible de financer ces demandes et a émis de nombreuses propositions en ce sens, dont nous n'aurons malheureusement pas l'occasion de débattre.
Si notre système de santé craque, messieurs les membres du Gouvernement, vous en serez seuls responsables.