Nous vous alertons : vous ne nous aurez pas avec votre petite loi grand âge, c'est-à-dire la proposition de loi dite bien vieillir. Retenez la demande des parlementaires, qui ont adopté à l'unanimité, en avril dernier, un amendement visant à instaurer une loi de programmation pluriannuelle pour le grand âge. Depuis cette date, et j'aurais aimé qu'Aurore Bergé soit présente pour m'entendre, pas une seule voix ne s'est exprimée, que ce soit la Première ministre ou un ministre, pour dire : « Nous avons entendu la demande unanime des parlementaires et il y aura une loi de programmation sur le grand âge. »
La détresse est pourtant visible et il y a urgence. Permettez-moi de citer une tribune publiée le 10 octobre dernier dans Le Monde, dans laquelle 1 200 soignants écrivaient cette chose terrible : « […] dorénavant, nous, soignants, sommes contraints en toutes circonstances de trier les patients, de vous trier. Pis : parfois, nous n'arrivons même plus à vous prioriser par ordre de gravité. » Voilà où en sont les centres hospitaliers. Je lis aussi la presse quotidienne régionale : dans Le Populaire du centre, en Haute-Vienne, Isabelle explique : « Il y a des jours où presque la moitié de mes collègues sont en arrêt tellement ils sont épuisés. » Dans Le Journal du Centre, dans la Nièvre : « […] des équipes en sous-effectif permanent, des médicaments mal distribués ou non donnés, des toilettes non réalisées, des journées sans infirmiers ou alors avec un seul pour quatre-vingts résidents. » La situation est dramatique.
Le drame de votre PLFSS, c'est que la réponse que vous apportez est celle de l'injustice et de l'austérité. L'injustice, c'est augmenter les impôts sur la maladie en rehaussant le montant de la participation forfaitaire – les fameuses franchises. À l'heure où nous parlons, nous n'avons aucune clarification sur ce point, monsieur le ministre, et nous ne savons pas ce qui sera décidé ; c'est insupportable. L'injustice, c'est s'en prendre aux personnes qui recourent aux transports sanitaires parce qu'elles refusent un transport partagé. L'injustice, toujours, c'est votre choix de financer votre réforme des retraites en déshabillant l'Agirc-Arrco. Au moment où nous parlons, vous avez encore les moyens d'agir, grâce à l'article 9 : aussi, pourriez-vous nous dire clairement que cette ponction n'aura pas lieu, en aucun cas ? Voilà les éléments qui manquent considérablement à la transparence et à la clarté de nos débats. Pourtant, des propositions alternatives audacieuses, fortes et fécondes sont nécessaires. Le point de départ, c'est de gouverner en fonction des besoins. Nous l'avons dit et redit.