En 1947, Primo Levi publiait Si c'est un homme, quelques mois après son retour d'Auschwitz, quelques mois avant la création de l'État d'Israël – un État créé pour que les Juifs du monde entier puissent enfin vivre en sécurité après avoir subi la Shoah, durant laquelle 6 millions d'êtres humains furent exterminés parce que Juifs. Primo Levi revint des camps en vie et témoigna. Dans Si c'est un homme, il nous exhortait en écrivant : « N'oubliez pas que cela fut, non, ne l'oubliez pas ».
Je reviens d'Israël avec plusieurs députés de différents groupes – que je salue – et nous n'oublierons pas.
Nous n'oublierons pas que soixante-seize ans après la création de l'État d'Israël, le Hamas, mouvement terroriste islamiste, a commis le 7 octobre le massacre du plus grand nombre de Juifs depuis la seconde guerre mondiale.
Nous n'oublierons pas le camp militaire de Shura, d'ordinaire simple base logistique, reconvertie depuis en centre d'identification des 1 400 corps suppliciés des victimes de la barbarie islamiste.
Nous n'oublierons pas le kibboutz de Kfar Aza, où des paysans israéliens tissaient des liens de coopération économique avec les gazaouis, parce qu'ils croyaient en la paix. Nous n'oublierons jamais Kfar Aza, où le Hamas est entré du côté où les adolescents coulaient des jours paisibles pour les tuer, ainsi que leurs parents, leurs plus jeunes frères et sœurs, leurs grands-parents, les massacrant, violant les femmes, décapitant les bébés, calcinant tous les corps, incendiant les maisons où s'étaient réfugiés les survivants.
Nous n'oublierons pas cette femme de Nahal Oz, enceinte et que les barbares du Hamas ont éventrée pour tuer son bébé sous ses yeux, avant de la tuer elle-même.
Nous n'oublierons pas le récit des soldats de Tsahal qui, voyant une succession d'incendies le long de la route, finirent par comprendre qu'il s'agissait des corps des jeunes rassemblés pour le festival de musique Tribe of Nova, que les terroristes avaient entassés avant d'y mettre le feu. Nous n'oublierons pas Tomer, ce jeune homme de 23 ans rencontré à l'hôpital Ichilov de Tel-Aviv, rescapé de cette tuerie.
Nous n'oublierons pas la dignité de la famille Ghnassia, Français de Montpellier, dont le fils Valentin, un jeune homme au sourire rayonnant, engagé dans l'armée de défense israélienne, a trouvé la mort au combat en héros, en sauvant son unité.
Nous n'oublierons pas la détresse profonde et digne des familles des disparus français et franco-israéliens, sans nouvelles de leurs proches, otages du Hamas, depuis des jours et des nuits. Ils comptent sur la France ! Représentants du peuple, nous sommes allés dire à ces familles que jamais la France n'abandonne l'un des siens retenu en otage ; nous leur avons fait le serment de parler d'eux jusqu'à leur libération. C'est ce que nous faisons depuis la tribune de l'Assemblée nationale.