À cet effet, j'ai un texte prêt à être soumis au vote, comme vous le savez, madame la Première ministre.
Pour en revenir au sujet qui nous réunit aujourd'hui, permettez-moi de vous présenter en quelques mots ma vision du rôle de la France.
Par ses liens historiques et stratégiques, la France est bien placée pour entretenir des relations avec tous. Elle l'est naturellement à Beyrouth, au Caire, à Abou Dhabi. Elle pourrait le devenir à Rabat, à Koweït City et à Mascate, si elle le voulait. Elle doit le devenir à Ankara, à Doha, à Damas et à Téhéran. Elle doit le redevenir à Moscou et à Pékin. Ce rôle d'intermédiation, flexible et créatif, elle le jouait à merveille. Elle ne l'incarne plus, au désespoir de nombre des pays que je viens de citer et d'autres sur le continent africain, qui n'est pas l'objet de ce débat.
Pourquoi la voix de la France est-elle si désespérante dans cette région tout particulièrement ? Elle l'est parce que sa diplomatie a perdu de vue la nécessité de maintenir son indépendance, son équidistance et sa constance.
La France ne peut porter sa voix que si elle adopte une posture non alignée. Elle peut et doit offrir une alternative solide et crédible au tête-à-tête avec les puissances extra-régionales. Dialoguant avec tous, connaissant chacun, disposant d'une force armée souveraine prête à l'emploi pour épauler ses alliés, la France est clairement à sa place dans ce rôle-là depuis des siècles.
Ce rôle, elle l'a tenu avec courage en 2003, lorsque les néoconservateurs américains ont voulu remodeler la région par la force en jouant les apprentis sorciers, ce qui a durablement déstabilisé le Proche-Orient. Seule la France a dit non, et elle a eu raison. Ce rôle, elle l'a abandonné en 2011, lorsque Nicolas Sarkozy a attaqué la Libye, provoquant un formidable appel d'air profitant aux terroristes et aux réseaux de passeurs de migrants.