Je poursuis mon raisonnement. En France, les milliardaires sont une centaine. Ils détiennent un patrimoine cumulé de 544 milliards d'euros, qui a significativement progressé ces trois dernières années. Je vous l'ai dit, ils ne sont pas taxés au même niveau que les 1 % de revenus les plus élevés – le taux d'imposition, qui est de 46 % pour les 0,1 % les plus riches, tombe à 26 % pour les 0,0002 % les plus riches, c'est-à-dire la centaine de milliardaires que compte le pays. L'impôt sur le revenu devient dégressif au-delà d'un certain seuil parce que les personnes concernées savent l'optimiser. Je le répète, je n'ai pas de problème avec le fait qu'il y ait des milliardaires : je veux seulement qu'ils contribuent au moins comme les autres, et pourquoi pas un peu plus.
On me répond que si c'est pérenne, ils vont se barrer ? Alors prenons une mesure ponctuelle ! Une taxe de 2 %, ne serait-ce que pour une seule année, c'est 12 milliards d'euros ! Cette somme permettrait de dégager des ressources pérennes pour la sécurité sociale, par exemple si on l'affecte au remboursement de la dette sociale.
Au bout du bout, ce sont vos enfants qui ont raison, madame la rapporteure générale : leurs milliards, les milliardaires ne les emporteront pas dans la tombe, ils ne leur servent à rien, ils en sont eux-mêmes convaincus. Plutôt que de s'en remettre à la philanthropie individuelle et au comportement vertueux de chacun, employons l'outil de la redistribution. C'est ce que nous faisons comme législateur : organiser le partage des richesses pour pouvoir financer les services publics qui en ont besoin.