Intervention de Hendrik Davi

Réunion du mercredi 21 septembre 2022 à 15h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHendrik Davi :

Avec les crises sociale et écologique, jamais nous n'avons eu autant besoin de produire des connaissances scientifiques et d'accroître le niveau de qualification du plus grand nombre, du certificat d'aptitude professionnelle au doctorat. Or les conditions que connaissent des personnels et étudiants de l'enseignement supérieur ne cessent de se dégrader. Depuis 2010, faute de moyens, la dépense par étudiant a diminué de près de 10 % et le taux d'encadrement de 25 %. La part de la dépense publique en recherche et développement dans le PIB a été ramenée de 0,8 % à 0,75 %. La précarité étudiante ne cesse de croître. Selon les syndicats, 7 000 étudiants sont sans master et 94 000 n'avaient pas de place en licence en juillet ; il manquerait 150 000 places pour que toutes et tous puissent poursuivre leurs études.

La conséquence de ce manque de moyens, c'est évidemment le choix de la sélection, avec Parcoursup et la plateforme Trouvermonmaster. Les familles passent leurs nuits à essayer de trouver une formation adéquate pour leurs enfants. Les étudiants se tournent de plus en plus vers les établissements privés – + 10 % en un an, ce qui est énorme – dont certains constituent, au dire même des représentants de grandes écoles, de véritables arnaques. Quant aux enseignants-chercheurs, ils perdent leur temps à chercher des financements. La logique du financement sur projet et du diplôme à la carte conduit à une compétition de plus en plus féroce entre chercheurs, entre étudiants, entre unités de recherche et entre universités, avec la souffrance qui l'accompagne.

Madame la ministre, allez-vous enfin entendre les personnels et les étudiants qui se sont massivement mobilisés contre la loi de programmation de la recherche ? Vous engagez-vous à compenser à l'euro près les effets de l'inflation pour les universités et les CROUS, qui sont au bord de la banqueroute ? Des universités comme celle de Strasbourg sont contraintes de fermer pour réduire leur facture de chauffage ! Il faut aussi résorber la précarité. Pourquoi ne titularisez-vous pas les contractuels qui exercent des fonctions pérennes depuis des années ? Pourquoi ne pas abroger la LPR et redonner du souffle à l'université grâce à un vrai plan pluriannuel d'emplois, à la gratuité des études et à des allocations d'autonomie permettant d'en finir réellement avec la précarité étudiante ?

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