Intervention de Philippe Fait

Réunion du mardi 17 octobre 2023 à 17h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Fait, rapporteur pour avis :

Nous avons porté une attention particulière au bien-être des élèves à l'école, car il est une condition fondamentale de leur réussite scolaire et personnelle.

Le périmètre de la notion est d'autant plus difficile à définir que de nombreux facteurs interviennent et que le bien-être est souvent évalué en creux, par ce qui peut être évité, en particulier les dépressions et les suicides. S'il ne dépend pas uniquement de l'école, celle-ci joue un rôle essentiel pour le préserver, voire l'améliorer – toutes les auditions l'ont montré.

Plusieurs études, de Santé publique France notamment, attestent une dégradation alarmante de la santé mentale des élèves. Si certains dispositifs d'évaluation du climat scolaire dans les établissements sont sous-utilisés, le système scolaire prend de mieux en mieux en considération le bien-être, au niveau national comme international. En France, le dispositif École promotrice de santé est fondé sur l'idée que l'école doit encourager une santé complète, ce qui passe notamment par la confiance en soi, les compétences psychosociales, l'alimentation et le sport. C'est essentiel car il n'est pas dans la tradition de l'école française de se préoccuper du bien-être ; le corps a longtemps été impensé, ce que le poids des cartables et l'organisation des espaces rendent encore visible. Cependant, les mentalités évoluent rapidement – nous nous en réjouissons.

De nombreuses dimensions de l'école sont en jeu – bâti scolaire, propreté, restauration, sentiment de sécurité, évaluations et notations, etc. Nous avons choisi de mettre l'accent sur deux leviers essentiels : la promotion de l'activité physique et la lutte contre le harcèlement.

L'activité physique est susceptible d'améliorer le bien-être physique et psychique des élèves ainsi que le climat scolaire. En effet, elle accroît leur concentration en classe et les aide à développer des compétences sociales et psychosociales, comme la solidarité, la tolérance, la coopération et le respect d'autrui. En outre, proposer des activités adaptées aux handicaps favorise les projets communs inclusifs et une meilleure compréhension du handicap.

À cet égard, les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris offrent l'occasion de sensibiliser les élèves à l'importance d'une pratique sportive régulière. Nous devrons veiller à rendre durable leur héritage.

Plusieurs mesures récentes tendent à renforcer la pratique physique des élèves du premier et du second degré, en particulier les trente minutes d'activité physique quotidienne et les deux heures de sport supplémentaires au collège. Elles commencent à porter leurs fruits.

Cependant, pour que l'activité physique contribue efficacement à améliorer le bien-être à l'école, il faut éviter de favoriser la compétition, au risque d'aggraver la stigmatisation de certains enfants. Il faut également chercher à toucher les élèves les plus éloignés de la pratique sportive, pas uniquement ceux pour qui elle est naturelle. Enfin, il faut renforcer la formation des enseignants, en particulier dans le premier degré, car ils s'estiment en majorité insuffisamment outillés sur ces sujets.

S'agissant de la lutte contre le harcèlement, nous pensons d'abord aux trop nombreuses victimes et à leurs familles. Les formes de harcèlement évoluent et ne se limitent plus au seul cadre scolaire : le cyberharcèlement a profondément bouleversé les comportements et les capacités de réaction de l'administration ; il prive les victimes du moindre temps de respiration, de la moindre échappatoire. Plusieurs associations nous l'ont dit, 100 % des élèves sont concernés par le harcèlement, qu'ils en soient victimes, auteurs ou témoins.

Il faut donc agir. Les bons résultats de Phare, le programme de lutte contre le harcèlement à l'école, sont assez largement reconnus. Il faut les consolider en informant davantage les élèves et leur famille de son existence, en formant mieux les enseignants, et surtout en développant les temps de concertation entre professionnels. L'éviction du harceleur d'un établissement est une bonne mesure, à condition de lui adjoindre un accompagnement éducatif, sous peine de seulement déplacer le problème.

Le plan interministériel vise à mieux prévenir, à mieux détecter et à mieux réagir au harcèlement. Il promet des avancées. Nous suivrons son déploiement avec attention. Nous insistons sur l'importance de développer les compétences psychosociales dès le plus jeune âge. Les cours d'empathie constituent une piste intéressante, dont les modalités restent à préciser. Nous souhaitons vivement que tous les personnels soient associés à la réflexion, en particulier les médecins, les infirmiers et les Psy-EN.

Nous donnons un avis favorable à l'adoption des crédits de la mission.

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