Depuis quelques années, l'AFD a tendance à favoriser les prêts, à travers des banques de développement, plutôt que les dons. D'après le rapport que le comité d'aide au développement (CAD) de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a fait paraître en 2018, les prêts représentaient alors 64 % de son portefeuille ; en 2020, sur les 12 milliards d'euros engagés, 87 % l'ont été sous forme de prêts. Parmi les trente pays donateurs du CAD de l'OCDE, seuls la France, l'Allemagne et le Japon font du prêt le fer de lance de leur aide publique au développement.
Ce recours massif au financement bancaire est problématique à deux égards.
D'abord, ce modèle incite l'AFD à investir dans des pays à revenu intermédiaire et dans des secteurs potentiellement profitables, au détriment des pays dits prioritaires ou moins avancés. Cela éloigne l'AFD de sa mission première, qui est de promouvoir un développement durable dans les pays en développement. On regrette que l'AFD préfère prêter 630 millions d'euros à l'Indonésie, plutôt que de donner 50 millions au Niger pour investir dans la santé.
Ensuite, le recours au financement bancaire est un alibi, qui permet à l'AFD de ne pas faire toute la transparence sur son action. Elle refuse en effet de rendre publiques les informations relatives aux marchés passés avec ses emprunteurs – pays et collectivités locales – en s'abritant derrière le secret bancaire. Depuis 2010, ces financements bancaires ont permis de développer des projets en totale contradiction avec les objectifs de l'AFD : une usine d'engrais azotés au Nigeria, une production intensive de fleurs au Kenya et des exploitations d'huile de palme.
Ce recours massif aux prêts bancaires vous semble-t-il en accord avec la raison d'être de l'AFD ? Comment justifiez-vous l'opacité qui entoure l'utilisation de ses fonds, alors même que la Cour des comptes a émis une alerte à ce sujet en 2020 ?