Intervention de Nadège Abomangoli

Réunion du mercredi 14 septembre 2022 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNadège Abomangoli :

Vous avez toutes les raisons, monsieur Rioux, d'avoir le sourire aujourd'hui, compte tenu du bilan présenté, avec des indicateurs qui semblent au vert et un budget stabilisé à un niveau élevé. Les clients sont heureux et l'image de marque du groupe AFD est au plus haut. Tout semble aller pour le mieux.

Toutefois, il nous semble que l'AFD n'agit pas au mieux dans l'intérêt d'une aide au développement juste et efficace. Les prêts continuent d'être favorisés par l'Agence pour financer les projets, dans une proportion que l'on ne retrouve pas ailleurs en Europe. Cela traduit une volonté politique de maintenir la dépendance des pays receveurs, en dépit des objectifs ambitieux en matière de dons affirmés par la loi du 4 août 2021. La France peut ainsi se targuer d'être le pays de l'OCDE qui attribue la plus grande part de prêts dans son aide publique au développement, avec le Japon et la Corée du Sud.

Notre groupe conteste le mécanisme pernicieux, largement utilisé par l'AFD, des contrats de désendettement et de développement, dits C2D. La France est un des pays qui utilisent le plus ce dispositif. Cette politique contribue à endetter des États déjà largement en difficulté. Elle agit comme une porte d'entrée pour des entreprises privées, européennes et françaises, qui profitent ainsi de la fragilité des économies nationales pour acquérir des parts de marché, le tout au nom d'investissements solidaires.

Alors que vous aviez affirmé dans L'Express, l'année dernière, que l'AFD n'intervenait pas en Afrique dans une logique d'influence, il y a quinze jours, le Président de la République a assumé vouloir déployer une stratégie d'influence, voire de contre-influence, sur le continent africain, précisant que ce n'était pas de la propagande. Pourriez-vous nous préciser comment vous comptez déployer cette orientation inédite ?

Par ailleurs, la Cour des comptes et certaines ONG jugent largement améliorable votre bilan en matière de transparence dans le résultat des projets financés.

Enfin, des questions se posent concernent votre conception du management. Vous vous êtes félicité de la hausse de productivité : cela ne traduit-il pas une perte de sens ?

Pour toutes ces raisons, nous ne voterons pas en faveur du renouvellement de votre mandat.

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