Intervention de Laurence Robert-Dehault

Réunion du mercredi 14 septembre 2022 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurence Robert-Dehault :

Ces dernières décennies, le périmètre et le nombre d'interventions de l'Agence française de développement n'ont cessé de croître grâce au modèle économique d'autofinancement de l'AFD mais surtout à une augmentation des crédits alloués par le budget de l'État – 2,3 milliards d'euros dans le budget 2022, en hausse de 16,7 % depuis 2021. C'est à peu près le budget alloué au ministère des outre-mer mais sans la transparence et le contrôle que la gestion de tels actifs nécessite. L'AFD a d'ailleurs fait l'objet d'une alerte de la Cour des comptes dans un rapport de 2019 et était classée à la trentième place sur quarante-sept pour sa transparence parmi les institutions d'aide au développement en 2020.

Même si l'on peut noter une très légère amélioration depuis 2021, avec la création d'une commission d'évaluation, cela reste insuffisant. Du reste, on peut s'interroger sur l'impartialité de cette commission quand plus de la moitié de ses membres sont directement nommés par le Gouvernement. En outre, cette commission intervient a posteriori quand il faudrait renforcer le contrôle a priori sur la sélection des dossiers et des financements. L'AFD a pour mission de favoriser le développement durable dans les pays pauvres et émergents mais elle a pourtant financé une exploitation d'huile de palme au Congo, consacré 1,9 milliard d'euros à l'Inde, alors qu'elle-même considère cette économie comme l'une des plus dynamiques de la planète, et investi 2,1 milliards d'euros en Chine, deuxième puissance économique mondiale. Est-ce à la France de pallier le manque de volonté politique des autorités chinoises, sachant, de plus, que la France investit en Chine pour y développer des infrastructures et l'industrie, alors que c'est pour y acheter les nôtres que la Chine investit en France ?

Par ailleurs, de nombreux pays bénéficiaires de l'AFD, notamment en Afrique et au Maghreb, refusent toujours de reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière sur le territoire français. Il n'est pas normal que ces pays fassent moins que le minimum, alors que la France y investit massivement au moyen de prêts ou de dons. Comme souvent, nous avons l'impression que la France est le dindon de la farce.

Pour ces raisons, le groupe Rassemblement national se prononcera négativement sur votre reconduction comme directeur général de l'AFD.

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