Le dispositif qui nous est présenté ne répond pas à la précarité des étudiants. En effet, il donne plus à ceux qui gagnent plus puisque l'aide est proportionnelle aux revenus tirés de leur travail. Ainsi, un étudiant qui souhaiterait travailler moins pour mieux se consacrer à ses études verrait son aide diminuer. Aider les étudiants qui travaillent, ce n'est pas les inciter à le faire davantage, mais leur donner les moyens de leur autonomie et de leur émancipation, en leur permettant de se consacrer à leurs études. Et s'ils doivent travailler, c'est aussi faire en sorte que cette activité ne compromette pas la réussite de leurs études.
Sans surprise, cette aide est réservée aux étudiants français. L'universalité du savoir est un concept bien éloigné du projet politique discriminatoire et xénophobe du Rassemblement National.
Dans son rapport sur l'impact du travail salarié des étudiants sur la poursuite et la réussite des études universitaires, l'Insee précise que « s'ils ne travaillaient pas, les étudiants salariés auraient une probabilité plus élevée de 43 points de réussir leur année ». Or, parmi les 46 % d'étudiantes et d'étudiants qui travaillent, 19 % le font à mi-temps et plus. Ce faisant, ils hypothèquent leur chance de mener à bien leurs études. La priorité, c'est de permettre aux étudiants de se libérer du travail contraint ; c'est pour cela que le groupe GDR - NUPES défend depuis des années le projet d'un revenu étudiant véritablement émancipateur. Un revenu, car nous considérons l'étudiant non seulement comme un futur travailleur, mais aussi comme quelqu'un qui produit, qui travaille d'ores et déjà, par sa qualité même d'étudiant.
Voilà une réponse ambitieuse et structurelle à la précarité que subit notre jeunesse, contrairement à ce complément de revenu qui, bien loin d'aider les étudiants qui travaillent, ne fera qu'augmenter le travail contraint, au détriment de leur réussite future.