La proposition de loi que nous étudions, mesure défendue par Marine Le Pen lors de la dernière élection présidentielle, répond à une urgence que nous connaissons tous et qui, à mon avis, n'a pas de couleur politique.
Inutile de vous rappeler les chiffres de la précarité étudiante – mon collègue vient de le faire –, qui sont particulièrement alarmants. Ils le sont d'autant plus qu'ils concernent une population vulnérable par nature. Elle est vulnérable, car les étudiants sont de jeunes adultes qui débutent dans la vie et qui, tous, cherchent – et nous l'avons fait avant eux – à s'émanciper. Il s'agit du premier jalon de leur vie professionnelle d'adulte ; cette période exaltante, par la quête à la fois de l'indépendance et du savoir, doit être le plus sereine possible. Mais cette vie professionnelle commence parfois en même temps que la vie étudiante. Celles et ceux qui, en cette période de forte inflation, étudient et travaillent pour subvenir à leurs besoins méritent d'être soutenus. Oui, j'y insiste, ils méritent un soutien particulier, car ils ne devraient pas avoir à vivre cette situation.
Personne ici ne souhaite que les étudiants travaillent durant leurs études. En proposant une aide de 200 à 300 euros par mois pour les étudiants boursiers qui occupent un emploi, nous offrons une largesse, nous n'incitons pas au travail. Si nous en sommes là, ce n'est pas par choix, mais à cause de l'inaction politique gouvernementale en la matière. Ce n'est pas moi qui le dis mais la Cour des comptes, dans son rapport de février 2022 sur le soutien de l'État à la vie étudiante. Depuis la crise sanitaire, les familles peinent de plus en plus à subvenir aux besoins de leurs enfants étudiants. L'inflation incontrôlée, la non-construction des 60 000 logements étudiants promis par Emmanuel Macron – encore une promesse non tenue – et l'augmentation des loyers ne font qu'aggraver la fragilité financière, donc psychologique, de nos étudiants.
Quelles que soient les raisons qui vous pousseraient à ne pas voter ce texte, aucune ne pourra justifier que vous priviez les jeunes méritants d'un coup de pouce qui leur permettrait de mieux se nourrir, de mieux se loger et d'avancer des frais de santé.
Une fois encore, vous perdriez à jamais le droit de vous indigner sur la précarité étudiante.