J'y viens. Nous allons avoir des conflits d'usage de l'eau dans le futur. Les règlera-t-on par un dialogue de sourds au cours duquel on envoie des grenades GM2L, ou bien mettrons-nous tout le monde autour d'une table pour discuter rationnellement ?
Je me souviens qu'au lendemain de la première manifestation à Sainte-Soline, en octobre, le ministre de la transition écologique a brandi une étude du Bureau de recherches géologiques et minières qui montrait, selon lui, que les bassines n'auraient que des retombées positives pour les rivières. Il a estimé qu'il fallait que les écologistes arrêtent de s'inquiéter. Quand avons-nous pu discuter de cette étude ? J'ai effectué une contre-expertise dans laquelle je montre que le modèle retenu n'est pas assez fiable à l'échelle très locale et dans la durée pour pouvoir évaluer l'impact de ces bassines ou pour en mesurer l'éventuel bénéfice. Nous avons évidemment proposé au Bureau de recherches géologiques et minières un débat public. Nous n'avons eu aucune réponse. Nous n'avons pas d'espace public destiné à échanger et à batailler à coup d'arguments, et où nous serions vraiment entendus.
J'ai demandé aux responsables d'associations environnementales s'il serait utile que je produise un véritable contre-rapport. Ils m'ont répondu que le juge n'aurait évidemment ni le temps ni les compétences pour lire deux rapports scientifiques et se faire un avis. Je pose donc la question : dans quel espace de discussion démocratique pourrait-on régler cette crise ? Elle a eu un retentissement parce que la lutte a cristallisé. Mais nous n'en sommes qu'au début des conflits d'usage des ressources communes qui découleront de la crise environnementale d'ensemble.
Je pourrais continuer. Dans la Vienne, département où j'habite, la création de bassines est censée reposer sur des études HMUC. Au sein de la commission locale de l'eau, instance qui devrait piloter l'installation des bassines…