Intervention de Jérémie Fougerat

Réunion du mercredi 27 septembre 2023 à 16h05
Commission d'enquête sur la structuration, le financement, les moyens et les modalités d'action des groupuscules auteurs de violences à l'occasion des manifestations et rassemblements intervenus entre le 16 mars et le 3 mai 2023, ainsi que sur le déroulement de ces manifestations et rassemblements

Jérémie Fougerat, collectif Bassines non merci ! :

À titre personnel, j'ai été choqué par les événements qui se sont produits. À Melle, où je me trouvais, j'ai reçu de nombreux appels de personnes en grande difficulté, en particulier lorsqu'on a compris que le Samu peinait à intervenir.

J'aurais aimé avoir un état des lieux des blessures parmi les forces de l'ordre, que l'on regrette. Il a été fait état de quarante blessés dans leurs rangs. Certaines blessures ont été déclarées le lendemain. On a eu connaissance d'acouphènes. Mais de nombreuses blessures devaient être liées à la puissance des armes utilisées. À cela s'ajoute la souffrance psychique. Ils n'ont certainement pas choisi ce métier pour faire ce qu'on leur a demandé ce jour-là.

Du côté des manifestants, nous avons dénombré 200 blessés. Un premier recensement, sur place, en avait relevé 155, comme le montre ce tableau à votre disposition, qui n'est pas complet puisque notre objectif n'était pas, alors, de tenir un décompte. Parmi les 200 blessés, une quarantaine était dans un état très grave et trois en urgence absolue. J'ai été surpris qu'il n'y ait pas eu deux décès. Cela s'explique certainement par l'auto-organisation des soignants bénévoles, qui a compensé le retard de l'intervention des secours. J'ai été agréablement surpris par l'évolution de l'état de santé de Serge D., du moins dans un premier temps car les dernières nouvelles sont inquiétantes. En effet, il n'a pas supporté la greffe faite pour remplacer le morceau d'os qu'on avait dû lui ôter. À la suite d'une surinfection, il a dû être opéré pour se faire retirer le greffon. Il est dans la même situation qu'Hedi, le jeune homme marseillais dont la photo a été rendue publique. Dans le dernier communiqué, il est précisé que Serge D. n'a passé que trois semaines en dehors de l'hôpital depuis la manifestation.

On peut penser que, plus on était proche du fortin, dans la bande des 100 mètres, plus on courait un danger élevé. En réalité, les personnes se trouvant jusqu'à 200 mètres étaient également en grave péril. D'une part, elles ont reçu une pluie de grenades et, d'autre part, on peut nourrir des doutes quant à la conformité de certains tirs, l'angle utilisé étant en question. Les explosions produites par les grenades entraînent des ondes de choc qui traversent le corps et créent des lésions internes. À cet égard, je m'interroge sur l'origine des lésions pulmonaires subies par plusieurs membres des forces de l'ordre. L'explosion provoque d'abord un effet de souffle, qui peut produire des arrachements. J'ai vu arriver, à Melle, beaucoup de blessés présentant des trous de plusieurs centimètres de diamètre et de profondeur. L'explosion crée également une onde de choc qui peut expliquer un certain nombre de lésions. Il y a un angle mort en ce domaine.

Lors de la manifestation du 1er mai à Paris, un membre des forces de l'ordre a été blessé très gravement par une grenade, assourdissante me semble-t-il, lancée de manière non conforme par l'un de ses collègues. Il a reçu la grenade dans le cou, ce qui aurait entraîné une triple fracture cervicale et, j'imagine, un pronostic fonctionnel très pessimiste.

Je suis présent aujourd'hui pour témoigner de la dangerosité de ces armes et de la nécessité de les interdire, qu'il s'agisse d'armes explosives, de lanceurs de balles de défense ou de projectiles en sachet (bean bag).

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