Intervention de Julien Le Guet

Réunion du mercredi 27 septembre 2023 à 16h05
Commission d'enquête sur la structuration, le financement, les moyens et les modalités d'action des groupuscules auteurs de violences à l'occasion des manifestations et rassemblements intervenus entre le 16 mars et le 3 mai 2023, ainsi que sur le déroulement de ces manifestations et rassemblements

Julien Le Guet, collectif Bassines non merci ! :

Nous avons été témoins des violences, qui ont eu lieu de part et d'autre. Certaines des personnes que vous avez auditionnées ont mis en cause la réalité des blessures infligées à nos camarades. J'espère que Jérémie Fougerat aura l'occasion de dissiper tout doute à ce sujet. Si des personnes ont été blessées des deux côtés, le bilan est très déséquilibré, à l'image de la violence et des armes employées. Le directeur général de la gendarmerie nationale, le général Christian Rodriguez, ose prétendre que, s'il y a eu autant de répondant, c'était parce qu'il sentait que nous étions plus équipés que les gendarmes. C'est un mensonge éhonté. Il n'y avait pas photo entre l'attirail des forces de l'ordre et celui des manifestants.

Il faut se demander comment on en est arrivés là et comment éviter que cela se reproduise. Cette opération de maintien de l'ordre doit demeurer dans les mémoires comme un échec collectif, y compris donc des forces de l'ordre. La nouvelle doctrine du maintien de l'ordre ne peut consister à tout faire reposer sur le maintien dans les grandes profondeurs, pour reprendre les termes des états-majors, à savoir le bombardement à 200 mètres de tout manifestant en partant du principe que, puisque la réunion est interdite, on peut tout se permettre, même s'il s'agit d'un enfant. C'est ce qui a provoqué la boucherie de Sainte-Soline. C'est aussi honteux pour la gendarmerie que la mort de Rémi Fraisse ou de Vital Michalon.

J'ai participé à nombre de manifestations au cours desquelles nous étions au contact des forces de l'ordre. On pouvait discuter avec elles. Le rapport de force avait lieu avec les gradés. À titre personnel, je fais l'objet d'un contrôle judiciaire. Il m'est interdit de me rendre sur les lieux d'une manifestation. Or, je suis identifié par les forces de l'ordre comme un interlocuteur au sein du collectif. Nous avons l'habitude de placer un tracteur en tête de notre marche, lors des manifestations, pour dire haut et fort qu'il s'agit d'une lutte des paysans et des habitants contre l'agro-industrie. En nous interdisant également de venir avec tout notre matériel d'organisation, on nous prive de moyens d'agir. Ces arrêtés arbitraires et liberticides empêchent le rapport de force.

Si le premier contact noué par les forces de l'ordre consiste à envoyer le peloton de quads, cela augure mal de la discussion. Cela explique que les choses aient pris cette tournure. Parmi les manifestants, il y avait certainement des gens qui n'avaient pas prévu de s'opposer aux forces de l'ordre mais qui, dans un réflexe de survie, y ont été contraints, comme ces élus arborant leur écharpe qui se sont interposés pour que des blessés dans un état grave ne soient plus la cible de tirs de lanceur de balles de défense. Vous connaissez la polémique au sujet de ces tirs effectués par des gendarmes depuis leurs quads. J'espère que vous aurez l'occasion d'interroger le ministre Gérald Darmanin au sujet des mensonges qu'il a proférés dans les médias sur des éléments factuels tels que les tirs de lanceur de balles de défense ou les blessures dans nos rangs.

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