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Intervention de Julien Le Guet

Réunion du mercredi 27 septembre 2023 à 16h05
Commission d'enquête sur la structuration, le financement, les moyens et les modalités d'action des groupuscules auteurs de violences à l'occasion des manifestations et rassemblements intervenus entre le 16 mars et le 3 mai 2023, ainsi que sur le déroulement de ces manifestations et rassemblements

Julien Le Guet, collectif Bassines non merci ! :

Comment auriez-vous réagi, mesdames et messieurs les députés, dans cette rivière de votre enfance asséchée par les canons à eau agricoles environnants, sous ces nuages toxiques alors que vous cheminiez pacifiquement, si vous aviez vu vos proches pris à partie et vos petits-enfants s'époumoner ? Quelles pensées croyez-vous que cela suscite à l'encontre des autorités, des préfets, des agents des forces de l'ordre qui utilisent ces moyens alors qu'aucune dégradation, aucune provocation n'avait été constatée dans les rangs des manifestants ? Nous avions juste fait valoir notre liberté de manifester, de nous déplacer, de nous exprimer. Comment auriez-vous réagi si vous aviez vu, suite à cet événement, toutes les manifestations méthodiquement interdites ?

Nous avons refusé de nous plier aux interdictions systématiques et autoritaires. Nous avons continué à nous rassembler et à nous donner les moyens de circuler le plus librement possible sur ce territoire qui est le nôtre et que nous défendons. Dans la diversité de ses modes d'action, notre collectif a aussi participé à l'organisation d'événements plus sportifs, comme les descentes de la Sèvre et du Clain en canoë, ou encore récemment au convoi de l'eau. Cette manifestation en tracteurs et vélos de près de 400 kilomètres s'est conclue par une arrivée festive à l'agence de l'eau Loire-Bretagne.

Les négociations entre nos organisations et la préfète coordinatrice de bassin n'ont été que le dernier épisode illustrant le mépris de l'État. Alors que le convoi de l'eau s'était déroulé sans affrontement, que nos représentants ne faisaient que demander une suspension des travaux comme le recommandait la mission de médiation diligentée par le comité de bassin, que des dégâts irréversibles étaient causés sur le chantier de Priaires où débutait la destruction d'un nouvel espace d'une dizaine d'hectares, l'État n'a pas daigné mettre un frein à l'escalade des tensions.

L'histoire de cette lutte est celle d'un blocage démocratique. C'est l'histoire de l'épuisement de tous les recours légaux et de toutes les formes d'action que vous qualifiez de pacifiques. Ce blocage institutionnel va de pair avec une intensification de la répression des mouvements écologistes et une porosité inquiétante, contraire au principe fondamental de séparation des pouvoirs, entre les pouvoirs publics et l'autorité judiciaire, notamment lorsque le garde des Sceaux donne aux magistrats des consignes pour nos jugements. C'est la stratégie de la tension et les dispositifs et arrêtés liberticides qui entretiennent un climat explosif.

Nous exigeons une nouvelle fois, dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, un moratoire sur les chantiers de bassines et leur financement, le respect des décisions de justice, la prise en compte des données scientifiques et l'organisation de concertations publiques élargies. C'est ainsi que renaîtra la confiance au sein du peuple et que nous engagerons un dialogue pour construire des solutions collectives et d'intérêt général – pas en balançant des tonnes de grenades impactantes GM2L ! La seule sortie de crise possible consiste à recréer les conditions d'écoute des citoyens ainsi qu'à mettre en place des instances de l'eau affranchies de l'emprise de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles et de l'agro-industrie.

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