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Intervention de Sarah Abitbol

Réunion du mardi 5 septembre 2023 à 16h00
Commission d'enquête relative à l'identification des défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport, du mouvement sportif et des organismes de gouvernance du monde sportif ayant délégation de service public

Sarah Abitbol, ancienne patineuse artistique professionnelle :

Comme de très nombreuses victimes, j'ai oublié ce qui s'est passé quand j'avais 15 ans et je n'ai pas compris ce qui m'arrivait quand les faits me sont revenus en mémoire, près de trente ans plus tard : il a fallu qu'on me l'explique. J'avais l'impression d'avoir fait un cauchemar, je ne savais pas si c'était vrai ou non. Les psychologues et les psychiatres expliquent que l'amnésie traumatique est un moyen utilisé par le cerveau pour protéger l'enfant : les faits trop graves et douloureux sont pour ainsi dire mis de côté.

L'amnésie traumatique est de moins en moins mal connue du grand public mais, pour les gens qui ignorent ce phénomène, il est difficile de comprendre pourquoi une victime se met à parler trente ans après les faits, et ils ont tendance à ne pas la croire. La reconnaissance de l'amnésie traumatique dans la loi contribuerait à ce que les victimes soient crues. En effet, quand plusieurs victimes dénoncent le même prédateur, on a tendance à les écouter, mais lorsqu'une victime parle seule et qu'il n'y a plus de preuves – allez en trouver, trente ans après les faits ! – c'est beaucoup plus compliqué. Les souvenirs peuvent revenir à l'occasion d'un deuil, d'un mariage, d'une grossesse, de la naissance d'en enfant… Cela revient comme une bombe atomique et c'est terrible.

Quant aux délais de prescription, ils ont déjà été allongés et les victimes ont plus de temps, mais je me bats pour que les crimes sexuels sur mineurs deviennent imprescriptibles. Ainsi, les victimes n'auraient pas de date limite pour parler, elles pourraient le faire même quarante ans après les faits et porter plainte si elles le souhaitent. Il est souvent plus facile de se reconstruire lorsqu'on a porté plainte, que l'on est cru et qu'il peut y avoir un procès.

Je sais bien que même si une telle loi est votée, elle ne sera pas rétroactive et ne changera rien pour moi ni pour nombre de victimes, mais elle protégera les jeunes, nos enfants et nos petits-enfants. Ce serait un grand pas. Au Luxembourg, en Californie, de telles lois existent.

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