Nous avons trente ans de retard. Je suis très proche du ministère des sports et de Mme la ministre. Mon site internet, La voix de Sarah, propose un accès direct vers la cellule Signal-sports du gouvernement qui permet de dénoncer des agressions. Je suis de près tous les sportifs qui auraient dénoncé de tels faits – on en compte aujourd'hui plus de 900. À la suite de mon livre et de mon témoignage, certains se disent que, si Sarah Abitbol a été capable de parler, eux aussi en sont capables.
Les choses ont heureusement été reprises en main et je remercie Roxana Maracineanu, l'ancienne ministre, qui a pris le problème à bras-le-corps et a eu la force et l'audace de me suivre à 100 %, ce qui n'avait malheureusement pas été le cas auparavant. Aujourd'hui, Mme la ministre Amélie Oudéa-Castéra suit également de très près la situation avec la cellule que je viens d'évoquer et elle est très présente pour lutter contre les violences sexuelles dans le sport. Un code d'honorabilité a également été édicté. Nous avançons donc : les victimes osent davantage parler et les agresseurs se sentent moins en sécurité.
Il faut toutefois poursuivre le combat et la sensibilisation, et se rendre sur le terrain. Nous avons donc organisé, avec La voix de Sarah, de nombreuses conférences. Nous sommes allés au-devant des mouvements sportifs avec une exposition de photographies originales intitulée « Cri d'alerte », qui vise à sensibiliser autrement, d'une façon poétique et artistique. Nous sommes très présents sur le terrain et souhaiterions l'être plus encore, mais il manque de l'argent – des salaires, qui nous permettraient d'être multitâches. Je ne peux pas me couper en deux mais je m'efforce, avec la directrice de La voix de Sarah, d'être aussi présente que possible pour assurer cette sensibilisation. Je me bats au quotidien et Mme la ministre des sports et moi-même ne lâcherons rien, afin que les victimes n'aient plus peur de parler.
J'ai également beaucoup travaillé avec le Sénat sur une loi Sarah Abitbol : c'est la proposition de loi visant à renforcer la protection des mineurs et l'honorabilité dans le sport, qui a été adoptée le 15 juin à l'unanimité et qui, je l'espère, sera présentée à l'Assemblée nationale d'ici à quelques mois. Elle prévoit l'application du code d'honorabilité dans les clubs, dont nous avons constaté qu'ils ne faisaient pas remonter l'information relative aux casiers judiciaires : les présidents de club devront désormais transmettre ces informations à chaque fédération et encourront des poursuites pénales s'ils y manquent.
Aujourd'hui, je fais d'un malheur une force, pour aider le sport, et plus particulièrement celui que j'aime tant. Je suis entraîneur de patinage artistique, titulaire de la carte professionnelle et du brevet d'État premier degré et, alors que je n'y croyais plus, la présidente et le directeur technique national de la fédération de patinage artistique m'ont demandé au mois de juin de travailler avec eux, au sein du comité d'éthique, pour poursuivre mon combat en examinant les dossiers et en me rendant sur le terrain au titre de la fédération – laquelle a donc pris les choses en main, même si ce n'est que très récemment, en juin dernier.