Merci d'avoir pris l'initiative de cette enquête et de m'accueillir aujourd'hui.
Il m'a en effet fallu trente ans pour parler et pouvoir prononcer le mot de « viol », si difficile à dire. J'ai enfin réussi à le faire, après de nombreuses séances avec la psychologue Meriem Salmi, avec qui j'ai commencé une thérapie en 2004. Comme vous l'avez également souligné, j'ai subi une amnésie traumatique qui a duré de nombreuses années. Si j'ai pu parler en 2019, c'est grâce au travail que j'ai poursuivi avec ma psychologue et à la pratique de la méditation et de la sophrologie.
J'avais essayé de parler à plusieurs reprises, mais sans être entendue. Ma dernière chance de le faire était, en 2019, d'écrire ce livre et de mener une enquête avec Emmanuelle Anizon, journaliste à L'Obs, pour trouver d'autres femmes qui auraient subi la même chose que moi. Je ne pouvais plus supporter l'idée que mon agresseur soit encore dans un club de patinage artistique et puisse reproduire ce qu'il m'avait fait. Il m'a fallu beaucoup de temps pour trouver le courage de parler, mais en voyant aujourd'hui le résultat, je suis heureuse de l'avoir fait. Je m'efforce de faire de ce malheur une force et de continuer le combat sur le terrain au moyen de l'association La voix de Sarah, en sensibilisant et en exposant ma propre histoire dans le but de favoriser la détection de comportements inadaptés et d'inviter certaines victimes à venir me parler – et il y a malheureusement toujours des victimes pour le faire.