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Intervention de Martine Froger

Réunion du mardi 4 octobre 2022 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMartine Froger :

Notre groupe s'interroge sur les priorités du groupe RN en matière d'école et d'instruction, comme sur son souhait d'interdire l'écriture inclusive. De nombreux sujets méritaient pourtant l'attention des législateurs, si l'objectif affiché de garantir l'enseignement du français était réel. Les pistes d'amélioration de la politique scolaire ne manquent pas – le niveau des élèves, le recrutement des professeurs, la rémunération des enseignants et des personnels, l'inclusion des élèves en situation de handicap.

Notre groupe estime qu'il n'existe aucune justification sérieuse pour soutenir ce texte. Interdire l'écriture inclusive par le biais de la loi est inutile, les circulaires d'Édouard Philippe en 2017 et de Jean-Michel Blanquer en 2021 assurant déjà que le point médian ne peut être utilisé dans certains contextes et documents, notamment les documents officiels et dans l'enseignement scolaire.

De plus, le texte ne comporte aucune nuance et interdit aussi bien le point médian que les termes épicènes ou la double flexion, empêchant ainsi de faire figurer des expressions comme « toutes et tous », qui ne nuisent pourtant pas à la compréhension des phrases. Le rapporteur souhaite revoir la rédaction, mais la définition demeure large. Enfin, le texte comporte si peu de nuances que ses auteurs, aveugles aux enjeux d'égalité entre les hommes et les femmes, voient dans toutes les formes de l'écriture inclusive une atteinte à la langue française. Par ailleurs, le personnel des administrations et de l'enseignement scolaire et supérieur doit-il être instrumentalisé dans cette querelle qui repose sur une vision caricaturale de la langue et, plus largement, de la culture française ? Nous devons faire preuve de mesure.

En interdisant l'écriture inclusive dans le service public scolaire et dans celui de l'enseignement supérieur, dans les actes d'état civil, dans les actes administratifs et dans les contrats, le rapporteur souhaite protéger ces espaces d'une idéologie séparatiste et agressive. Cette vision disproportionnée et délétère, dans laquelle notre groupe ne se reconnaît pas, a pour unique but d'entretenir les peurs et les divisions au lieu de chercher à rassembler et à comprendre.

L'expression la plus contestée de l'écriture inclusive, le point médian, a fait l'objet de plusieurs circulaires qui en déconseillent ou en proscrivent l'usage. Était-il nécessaire d'aller plus loin ?

En outre, contrairement à ce que les auteurs du texte avancent, se questionner sur l'origine, la construction et les évolutions de la langue française ne signifie pas nécessairement remettre en cause cette dernière ou le contrat social. Cette proposition ne cherche qu'à interdire ce que les auteurs ne comprennent pas et ne cherchent pas à comprendre. Nous prônons une approche différente, plus nuancée et à l'écoute des évolutions de la langue et de la société.

Nous ne soutiendrons pas cette proposition de loi.

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