Je rejoins mes camarades – vous noterez l'emploi de ce terme épicène – pour réaffirmer que le groupe Écologiste est favorable à l'écriture inclusive.
Je vous accorde une chose, monsieur de Lépinau : ce débat est profondément politique. L'écriture inclusive sert un projet politique, celui de l'égalité qui, je vous le rappelle, est inscrite au fronton de notre République. Vous cherchez à cacher votre projet rétrograde au nom de l'inclusion des personnes qui ont des difficultés à apprendre à lire. Promouvez plutôt une simplification massive de notre orthographe ! Voilà qui sera plus efficace.
Vous vous opposez à l'écriture inclusive parce que vous combattez l'égalité, parce que vous combattez la République. Vous entretenez, pour ce faire, une confusion entre égalité et uniformité. Votre combat contre l'écriture inclusive s'inscrit dans cette entreprise qui sert votre projet politique inégalitaire et antirépublicain.
L'égalité peut se conjuguer à la diversité. Contrairement à vous, nous défendons l'égalité et nous la promouvons, notamment à travers l'écriture inclusive. Plutôt que de polémiquer au sujet de votre tentative liberticide d'interdire ce qui vit et vivra, se développe et se développera, car c'est le sens de l'histoire, je vais faire une ode à l'écriture inclusive. Elle bouscule notre imaginaire collectif empreint depuis des siècles de domination masculine, qui s'impose à nous, malgré nous. Elle permet de diversifier nos représentations. Elle redonne du pouvoir à celles dont on nie une part d'existence depuis si longtemps. La langue est puissante lorsqu'elle permet à chacun et à chacune de se sentir exister à travers les mots. Le langage est le reflet des évolutions de notre société. Désormais, les femmes sont présentes partout. Les reconnaître par la langue est une aspiration à l'égalité. Vouloir figer la langue en dehors du réel langagier de notre époque et en dehors du champ social et politique relève soit d'une ignorance profonde, soit d'une visée réactionnaire. Notre langue française est belle lorsqu'elle est en mouvement, lorsqu'elle n'est plus figée et s'inscrit dans le sens du progrès, celui de l'égalité et du féminisme.
Défenseuses de l'écriture égalitaire, nous rendons un « femmage » à la langue française, en souhaitant participer à son développement dans tous nos espaces de vie, en réfléchissant à ses avancées techniques et à la façon dont elle évolue – que l'on peut d'ailleurs parfois remettre en question. Proposons des solutions ! L'analyse passionnée des linguistes est si précieuse et essentielle à nos débats. Puisons dans des termes oubliés du passé, puisqu'ils existent et que nous les utilisions jusqu'au XVIIe siècle. Notre matrimoine en regorge : autrice, médecine, archière, ferronne, mairesse, chevaleresse, chirurgienne, doctoresse et j'en passe.
Enrichir notre langue, la magnifier pour tendre vers l'égalité, voilà quelle devrait être notre aspiration collective. Nous nous réjouissons de voir tout un mouvement se la réapproprier, la repenser, la discuter. Observer la manière dont elle évolue dans le réel nous rend fières et heureuses. La langue appartient à toutes et à tous. Que vive notre langue, enrichie et renouvelée : sa vitalité est la puissance du mouvement féministe. Vive l'écriture égalitaire !
Nous voterons contre cette proposition de loi rétrograde.