Intervention de Inaki Echaniz

Réunion du mardi 4 octobre 2022 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaInaki Echaniz :

Si le mot député est inscrit dans le dictionnaire comme un nom masculin, plusieurs femmes de votre groupe se présentent comme députées. L'usage de l'écriture inclusive n'est donc pas l'apanage des communautaristes ou des wokistes.

Avec l'interdiction de l'écriture inclusive, des millions de documents officiels devront être remplacés, notamment ceux avec la mention « né(e) ». L'écriture inclusive n'est pas un phénomène nouveau affectant la langue française à l'instar d'une maladie, comme vous l'écrivez dans votre exposé des motifs. La féminisation des noms de métiers existait déjà au Moyen Âge. Amin Maalouf, élu à la tête de l'Académie française, sans être favorable à l'écriture inclusive, reconnaît qu'elle met le doigt sur des difficultés, notamment celle selon laquelle des mots sont féminins ou masculins sans autre logique que leur héritage latin, et qu'il faut chercher des réponses. Or le Rassemblement national ne cherche aucune réponse à la féminisation du langage : il la combat.

La langue est le reflet de la société et de ses évolutions. Pas plus révolution que menace, l'écriture inclusive invite à repenser nos représentations. La seule chose qui s'en trouve mise en danger est la domination du masculin sur le féminin, de l'homme sur la femme. C'est sans doute cela qui vous effraie. Pour nous, socialistes, la parité linguistique, le féminin et le masculin pour toutes les dénominations humaines et la représentation effective des femmes dans le discours social sont des instruments essentiels dans la conquête d'une réelle égalité entre les femmes et les hommes. Vous ne voyez dans l'écriture inclusive qu'un obstacle à une communication fluide. J'y vois un outil d'égalité.

Comme le montre une étude conduite par l'institut Harris Interactive en 2017, les formulations inclusives ou épicènes suscitent jusqu'à deux fois plus de noms de femmes dans les représentations spontanées que les formulations qui invisibilisent les femmes. Cette proposition de loi est un pur message politique antiféministe, fidèle à la nature de votre parti. « […] l'extrême droite a une constante : celle de nous combattre, de nous mépriser et de nous piétiner », dénonçaient dans une tribune les associations féministes lors des présidentielles de 2022. Marine Le Pen déclarait, en 2012, que « le progrès, c'est de permettre aux femmes de rester à la maison ». Loin d'une logique émancipatrice dans laquelle les femmes seraient libres de choisir leur destin, le discours du RN envers les femmes ne circule que dans un sens, celui qui mène au foyer dans lequel les femmes retrouvent leur rôle premier, maternel.

À l'Assemblée nationale comme au Parlement européen, le RN s'est opposé quasi unanimement et systématiquement aux textes qui promeuvent l'égalité entre les femmes et les hommes, l'égalité salariale, l'accès à la contraception et la lutte contre les violences faites aux femmes et contre les violences de genre. Le RN a toujours été l'un des principaux opposants à l'avortement, dénonçant régulièrement les prétendus IVG de confort et s'opposant fermement à l'allongement des délais de douze à quatorze semaines. Le RN s'oppose à l'éducation à la vie affective et sexuelle à l'école primaire, fondement de la prévention des violences auprès des plus jeunes. Ce texte est un exemple supplémentaire de votre position antiféministe.

Le groupe Socialistes votera contre cette proposition et défendra un amendement de suppression.

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