Intervention de Maxime Minot

Réunion du mardi 4 octobre 2022 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaxime Minot :

Le français, langue officielle de notre nation, constitue un précieux témoignage de plusieurs siècles d'histoire. Généralisé dans les actes administratifs dès 1539, c'est un pilier de notre République. Son importance a été renforcée par la révision constitutionnelle de 1992 conférant une valeur constitutionnelle à la langue française. La loi de 1994 relative à l'emploi de la langue française dispose que cette dernière est un élément fondamental de la personnalité et du patrimoine de la France. Une langue est donc le ciment d'un peuple.

Le français du XXIe siècle n'est pas celui du XVIIe. Ses évolutions sont intervenues dans le temps long, pour apporter clarté et simplicité. Récemment, des idées militantes issues du wokisme souhaitent faire évoluer la langue française au travers de l'écriture inclusive. L'émergence de ce mode d'écriture découle d'une volonté louable de promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes par l'orthographe et la grammaire. Pourtant, son adoption complexifie notre langue, la rendant illisible. La discordance entre la prononciation et l'écrit s'accentue particulièrement lors de l'utilisation du pluriel. Cette complexité se traduit par des difficultés de compréhension, notamment pour les personnes atteintes de dyslexie, de dyspraxie ou de dysphasie, et pour de nombreux linguistes en cours d'apprentissage. Imaginez nos discours prononcés en écriture inclusive ! L'écriture inclusive introduit des incohérences et ajoute une complication supplémentaire pour les élèves en phase d'apprentissage. L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, avait souligné ce problème dans une circulaire ministérielle du 6 mai 2021. Chers collègues de la majorité, il serait bon que vous la relisiez. Elle indique que l'usage de l'écriture inclusive constitue une entrave à la lecture et à la compréhension de l'écrit.

Les préoccupations s'étendent également au niveau institutionnel. En 2017, l'Académie française s'est prononcée à l'unanimité contre l'adoption de l'écriture inclusive et a émis plusieurs mises en garde quant à son inadéquation et à sa complexité. L'usage de cette forme d'écriture conduit à une langue peu lisible et met en lumière un péril mortel pour l'avenir de la langue française.

Notre langue est assez riche pour mettre le genre féminin et le genre masculin à égalité lorsque l'intention d'expression l'exige. Il n'est nul besoin de l'écriture dite inclusive, qui est en réalité militante. Le groupe Les Républicains a constamment exprimé son opposition à sa généralisation. Cette position découle de notre attachement à la préservation de la langue française dans sa forme traditionnelle.

Nous avons manifesté notre engagement en ce sens au travers de plusieurs initiatives législatives : proposition de loi du 23 mars 2021 visant à interdire et à pénaliser l'usage de l'écriture inclusive dans les administrations publiques et les organismes en charge d'un service public ou bénéficiant de subventions publiques ; proposition de loi du 11 octobre 2022 visant à sauvegarder la langue française et à réaffirmer la place fondamentale de l'Académie française ; proposition de loi du 14 février 2023 visant à interdire l'usage de l'écriture inclusive par les administrations publiques, les personnes morales en charge d'une mission de service public et les bénéficiaires de subventions publiques. En outre, nous réaffirmons notre engagement envers les principes républicains inhérents à la langue française, qui constitue le fondement de notre identité nationale.

Pour ces motifs, le groupe Les Républicains – qui n'a pas attendu le Rassemblement national pour s'attaquer à ce sujet – votera en faveur de ce texte.

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