J'aimerais profiter de l'examen de cet article, qui évoque l'enjeu de la souveraineté numérique, pour dire à quel point je trouve surréaliste que nous ayons ce débat à l'heure où le Gouvernement laisse le géant français des services numériques et du cloud, le seul fabricant européen de supercalculateurs – je veux parler de l'entreprise Atos –, se faire dépecer.
Atos n'est pas une création spontanée du marché mais l'héritière de Bull, société elle-même issue du plan Calcul lancé par le général de Gaulle en 1966 pour assurer à la France son indépendance en matière d'outils de dissuasion nucléaire. Pour qu'elle voie le jour, il a fallu dépenser des centaines de millions d'euros en recherche publique et en commandes publiques.
Or le Gouvernement auquel vous appartenez, monsieur le ministre délégué, assiste, les bras ballants, au démantèlement de cette entreprise, à moins que, comme on nous le dit, le secrétaire général de l'Élysée, jouant les banquiers d'affaires, ait béni cette opération – mais de quoi se mêle-t-il ?
C'est absolument révoltant et insupportable. Je le répète, il s'agit de la seule entreprise européenne capable de fabriquer des supercalculateurs. Que sera la France dans le domaine de l'IA si nous ne sommes plus en mesure d'en concevoir ?
Nous aimerions donc, monsieur le ministre délégué, que s'exprime, de manière un peu résolue, la volonté du Gouvernement dans ce dossier. Atos est en plein naufrage, le cours de son action s'est effondré, passant en quelques mois de 70 à 7 euros alors que cette entreprise semblait bénéficier de toute l'attention des pouvoirs publics puisque le Premier ministre Édouard Philippe, au moment de quitter Matignon, avait choisi d'aller y exercer des fonctions d'administrateur.