Intervention de Pierre Dharréville

Séance en hémicycle du mardi 10 octobre 2023 à 15h00
Plein emploi — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

Vous proposez un régime de coercition, d'infantilisation, de punition. Le présupposé est bien connu : les personnes privées d'emploi seraient coupables de leur situation. Cette idée va à l'encontre de toute notre histoire sociale. De plus, elle constitue une négation du réel : il existe 367 500 offres d'emploi vacantes – dont de nombreuses sont d'une qualité discutable – pour 5,4 millions de chômeurs. Il y a de quoi traverser la rue plusieurs fois !

Le chômage est un fléau social, une épreuve. Il abîme des vies. Oui, nombre de femmes et d'hommes ont besoin d'un meilleur accompagnement humain pour se frayer un chemin vers le monde du travail ; toutefois, ce n'est pas là le cœur du plan proposé.

La mission de France Travail ne sera pas celle de Pôle emploi, car l'opérateur principal du service public de l'emploi deviendra une sorte de gare de triage. Les missions locales, dont le rôle consiste à accompagner les jeunes dans tous les aspects de leur vie, devront rentrer au chausse-pied dans le dispositif. En outre, la confusion s'organise entre le public et le privé à but lucratif qui vient s'asseoir à la table. Nous considérons qu'il n'y a pas lieu de se faire du pognon sur le dos des chômeurs, qui traversent une période de vulnérabilité particulière. Vous répondez : le grand marché de l'activité est ouvert, faites vos jeux ! Enfin, alors qu'il y a besoin de formations qualifiantes, l'Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) semble pour l'instant reléguée à un strapontin.

À ceux qui nous ont accusés de ne pas faire confiance aux agents de Pôle emploi, je réponds que de nombreux agents ne vous font pas confiance. Leurs missions seront modifiées et s'inséreront dans un cadre contraint régi par une logique de pilotage par les chiffres, ce qui risque de provoquer rapidement de la maltraitance. Ainsi, l'institution elle-même suscitera la méfiance des demandeurs d'emploi.

Le légendaire groupe de rock marseillais Quartiers nord a écrit en 2013 ce refrain : « Elle s'appelle Pôle, Pôle emploi. Elle écrit son beau prénom avec un ''o'', c'est trop sympa. »

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