Qu'est-ce que faire société ? Qu'est-ce qu'être une société résiliente ? Telles sont les questions auxquelles ce texte s'évertue à ne surtout pas répondre. Des questions qui, pourtant, devraient être au cœur de nos réflexions en ces temps de montée importante de l'incertitude et de l'insécurité, notamment sur les plans social et climatique.
Faire société, c'est fonder une communauté de destin sur la solidarité, sur des protections communes, sur notre capacité à nous soutenir quand l'un ou l'autre connaît un passage à vide. Telle est la grandeur des sociétés. Telle est l'originalité et la force de la société française, de ses institutions et du système de protection sociale unique qui fait sa solidité.
La recherche de points de PIB ne saurait se substituer à un projet de société ; l'obsession identitaire non plus. La société est bien plus complexe et bien plus solide que cela. Elle repose sur notre capacité à créer les conditions de la solidarité.
Or le projet central du texte réside précisément dans la fin de l'entraide universelle, ce revenu de base à la française. Il consiste en l'abandon de la promesse faite à chacun et à chacune que nous ne laisserons personne sur le bord de la route, que tous disposeront d'un socle de dignité, de quoi vivre – ou survivre –, de ce qu'on appelle, en jargon administratif, un reste à vivre. Nous ne tendrons plus la main de la solidarité sans condition. Exit le revenu de base conçu comme un socle fondamental et inconditionnel de dignité : il faudra désormais mériter la solidarité.
Ce projet de loi prépare les conditions pour que de nombreuses personnes en France vivent avec 0 euro. C'est nous qui, dans le confort d'un hémicycle tapissé de velours ,