Intervention de Sandra Regol

Séance en hémicycle du mardi 10 octobre 2023 à 15h00
Questions au gouvernement — Lutte contre le sans-abrisme

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandra Regol :

Le 10 octobre, c'est aussi la Journée internationale de lutte contre le sans-abrisme. En la matière, les chiffres sont sans appel : le nombre de personnes à la rue a augmenté de 130 % ces dix dernières années, et 2 000 enfants n'ont pas de logement en 2023, soit 20 % de plus que l'année précédente. Pourtant, je dois le concéder, vous n'êtes pas restés inactifs. Ces dix dernières années, l'État a augmenté l'enveloppe consacrée à l'hébergement. De votre côté, vous avez lancé l'Observatoire du sans-abrisme et deux plans « logement d'abord ». Je rappelle toutefois que dans le Bas-Rhin, seules soixante-dix personnes sont prises en charge, alors qu'elles sont un millier à appeler le 115 – reconnaissez que le compte n'y est pas. Bien que l'investissement n'ait jamais été aussi élevé, les appels au 115 sont toujours plus nombreux ; c'est la preuve que le problème n'est pas seulement financier, mais systémique : inflation, crise, creusement et renforcement des inégalités… Les moyens qui sont déployés aujourd'hui correspondent aux enjeux d'hier.

Toutes les grandes villes de France dressent le même constat. Elles pallient les manques et gèrent dans l'urgence la grande précarité, qui est pourtant une compétence de l'État, sans bénéficier d'un accompagnement adapté. Associations et collectivités ne sont ni associées, ni informées des décisions ; en un mot, elles sont à bout. Conséquence : Strasbourg en premier lieu, mais aussi Lyon, Rennes, Bordeaux, Paris, Grenoble et d'autres villes attaquent l'État en justice pour dénoncer le sous-dimensionnement de son action. Ces recours traduisent une demande simple : sortir d'un système fondé sur la méfiance et sur la suspicion à l'égard des collectivités et des associations. Ce que ces villes vous demandent – ce que nous vous demandons –, c'est un choc de confiance. Mesdames et messieurs les ministres, accepterez-vous enfin de coconstruire dans le pluralisme les solutions d'aujourd'hui, et surtout celles de demain ?

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