Je pense avoir répondu au deuxième point. Les moyens intermédiaires doivent être développés. Encore faut-il déterminer lesquels ! Les canons à eau avaient été mis de côté après avoir laissé des souvenirs cruels à l'issue d'une manifestation d'infirmières. Nous les avions réutilisés pour la première fois sous l'autorité de Philippe Massoni au cours d'une manifestation difficile de sapeurs-pompiers professionnels, en 1998 ou 1999.
En tant que préfet de police, j'ai souvenir d'une discussion avec une personne exerçant des responsabilités élevées dans le monde de l'assurance. Je l'avais jointe au téléphone pour lui expliquer que nous prenions contact avec des riverains ou commerçants qui avaient vu leurs vitres brisées. Il m'avait suggéré de projeter un grand filet sur les manifestants. D'autres recommandent de colorer l'eau des canons à eau pour reconnaître ensuite les personnes présentes à la manifestation. J'ai rappelé mon attachement à l'État de droit. Ces sujets doivent être traités sérieusement et juridiquement, pas avec des considérations de café du commerce. Je ne suis pas un technicien de l'armement, même si je rapporte des textes sur ce sujet devant le Conseil d'État. Quoi qu'il en soit, nous avons besoin de ces outils. Le lanceur de balles de défense a été conçu pour lutter contre les violences urbaines. Mais soyons clairs : les épisodes connus durant la crise des gilets jaunes étaient du même ordre. Il n'est donc pas étonnant qu'ils aient été utilisés. Des blessures sont survenues et elles ne réjouissaient pas le préfet de police que j'étais. La doctrine d'emploi reposait sur la présence de deux personnes : un opérateur et un superviseur.
L'essentiel des moyens humains sur le terrain à Paris pour les manifestations sont des compagnies républicaines de sécurité et des escadrons de gendarmerie mobile. C'était particulièrement vrai pendant l'épisode des gilets jaunes. En outre, la direction de l'ordre public et la circulation est faite pour gérer l'ordre public. Les compagnies d'intervention de la préfecture de police sont ainsi efficaces et entraînées au maintien de l'ordre. Elles sont aussi extrêmement sécables et beaucoup plus mobiles, ce qui constitue un atout.
À l'évidence, il faut développer plus que par le passé des capacités de mobilité et de réactivité pour conduire des interventions rapides. Mais c'est déjà peut-être le cas aujourd'hui. L'exigence de réactivité et de mobilité est primordiale pour être un peu partout là où il le faut. Quand on a mis en place les détachements d'action rapide et de dissuasion, nous l'avons fait avec les ressources qui étaient les nôtres.