Lorsque vous étiez préfet de police, à la demande du ministre de l'intérieur de l'époque, vous avez créé les détachements d'action rapide et de dissuasion, devenus par la suite la fameuse brigade de répression de l'action violente motorisée. Cette brigade fonctionne sur un modèle semblable aux voltigeurs qui avaient tué Malik Oussekine en 1986. On reconnaît facilement ses membres dans les manifestations, habillés en noir, dans un costume oscillant entre Robocop et celui d'un motard. Quand on les voit, on sait qu'il va se passer quelque chose.
La brigade de répression de l'action violente motorisée est régulièrement accusée de violences graves sur les manifestants et les passants. Samedi dernier encore, ses agents ont molesté trois journalistes. L'observatoire parisien des libertés publiques a publié un rapport, il y a quelques mois, dans lequel il dénonce ces unités répressives, violentes, dangereuses, au point que l'on pourrait se demander si la brigade de répression de l'action violente motorisée ne peut pas être considérée comme l'un de ces groupuscules violents sur lesquels notre commission est en train d'enquêter.
Le Monde a publié, il y a quelques semaines, un article sur le comportement de policiers vis-à-vis de manifestants interpellés. Un des manifestants avait mis son téléphone en mode enregistreur, ce qui a permis de connaître la conversation. Un des policiers disait par exemple : « T'as tellement de chance d'être assis là, maintenant qu'on t'a interpellé, je te jure, je te pétais les jambes, au sens propre… Je peux te dire qu'on en a cassé, des coudes et des gueules, mais toi, je t'aurais bien pété tes jambes. ». Un autre policier prononçait les mots suivants : « Eh, t'inquiète, ta tête, ta petite tête, on l'a déjà en photo, t'as juste à te repointer dans la rue aux prochaines manifs. La prochaine fois qu'on vient, tu ne monteras pas dans le car pour aller au commissariat, tu vas monter dans un autre truc qu'on appelle une ambulance pour aller à l'hôpital. »
Vous avez rappelé votre attachement à l'État de droit. La brigade de répression de l'action violente motorisée ne nuit-elle pas à l'État de droit en contrevenant au droit des personnes et en provoquant des violences qu'elle est censée éviter ?