Pour la mise en œuvre du plan Ecophyto, les représentants de la FNSEA soutiennent les solutions techniques : meilleures buses, drones, utilisation de satellites. Je n'ai rien contre l'optimisation technique si cela peut aider, mais nous savons que son potentiel de réduction de l'usage des pesticides est très faible, de l'ordre de 10 à 15 % au maximum. Nos objectifs sont bien supérieurs !
Pour aller au-delà, nous devons changer de système, ce qui nous renvoie au cœur de la problématique : peut-on continuer à se contenter d'optimiser le système de production agricole actuel sans le remettre en question ? Ce sont les conditions de la culture qu'il faut changer, ce qui impose de faire de l'agronomie, de mettre en place des systèmes de culture différents. Quelle vision avons-nous pour l'agriculture de demain ? Quel système de production agricole voulons-nous ? L'Inrae a simulé une agriculture sans pesticides en 2050, avec trois scénarios différents. C'est donc possible techniquement. Nous avons également des données économiques qui vont dans le même sens. Il s'agit maintenant d'un choix politique. Allons-nous nous rendre maîtres de notre destin et choisir un type d'agriculture qui offre un revenu aux agriculteurs, une alimentation de qualité aux Français, et qui protège l'environnement et la santé ? Ce n'est pas simplement l'optimisation technique qui nous le permettra.