Il existe des signaux faibles – pas si faibles, s'agissant de discussions parlementaires qui vont à leur terme, comme le projet Ferme France – qui nous inquiètent beaucoup. Ils suscitent certaines questions, comme celle de la place de la science dans les analyses qui sont produites.
On pourrait croire que l'évaluation de la nocivité des produits que nous mettons dans nos champs, nos poumons, nos cheveux, est effectuée au regard de critères scientifiques. Il n'en est rien. Les critères d'évaluation sont construits en s'appuyant parfois sur la science, parfois sur des critères politiques. Ces derniers ont-ils vocation à être mis en balance avec la science ? Ont-ils vocation à être interprétés comme étant de la science ? Derrière ces questions, il y a celles de la neutralité, la scientificité et surtout l'indépendance des organismes chargés de conduire ces évaluations, ainsi celle de leur capacité à agir.
L'Anses a clairement été ciblée. C'est un des points qui nous alarment le plus aujourd'hui. Nous n'allons pas vous dire que l'Anses fait un travail indiscutable à nos yeux. En revanche, l'existence d'une autorité indépendante à même de procéder à ces évaluations est une condition sine qua non pour que le système tienne la route.