Il existe une réglementation « biocide » pour les insecticides ménagers. Certains produits sont également utilisés en médecine vétérinaire. Tous ces produits se retrouvent ensuite dans l'organisme des humains. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes toujours intéressés à l'ensemble des utilisations de pesticides. Actuellement, certaines molécules interdites en agriculture trouvent une seconde vie commerciale en tant que biocides, ce qui est aberrant. Cela résulte de décalages entre les réglementations.
S'agissant des solutions, j'ai cité les grandes cultures parce qu'elles représentent 70 % des usages de pesticides. Si l'on trouve des solutions pour les grandes cultures, on résoudra donc une bonne partie du problème. Au-delà des solutions chimiques, des solutions agronomiques peuvent être trouvées, qui concernent les pratiques et les systèmes.
Je prendrai l'exemple de la dérogation sur les néonicotinoïdes. Un plan de recherche et d'innovation a été mis en place, avec la perspective d'une interdiction définitive de la molécule au bout de trois ans. Quand nous avons une perspective de sortie d'un produit et que nous mettons en face les moyens de recherche et de développement, et de transfert des connaissances de la recherche à la profession, nous nous rendons compte que cela marche plutôt bien. En l'espèce, des solutions sont arrivées d'un peu partout. La recherche est donc extrêmement importante, à condition d'être transférée aux agriculteurs. Elle peut être collaborative, avec des groupes d'agriculteurs qui remontent leurs pratiques.
Si nous retirons des substances actives, il faut donc donner à la profession les moyens de développer des solutions pour surmonter les impasses techniques. Pour cette raison, nous avions demandé l'introduction d'une fiscalité, une sorte de bonus-malus, à la fois pour inciter ceux qui ne veulent pas changer de système à le faire et pour alimenter un fonds, lequel permettrait de financer une sorte d'assurance-récolte, mais aussi la recherche, le développement et la diffusion de solutions. Ce n'est pas parce que nous avons des impasses techniques aujourd'hui que nous en aurons encore demain. L'exemple de la recherche sur le puceron de la betterave a montré que des solutions émergeaient et pouvaient devenir opérationnelles ; mais cela ne fonctionne que si nous prenons en compte les contraintes économiques.
Par ailleurs, je pense que c'est fondamental d'œuvrer en faveur d'un règlement SUR qui mette tous les agriculteurs européens à l'unisson autour d'un objectif ambitieux de diminution de l'agriculture européenne aux pesticides.