La formation, c'est la pierre angulaire d'une police républicaine. C'est fondamental qu'il y ait un dispositif de formation complet, approfondi, doté de moyens et continu. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, alors que la direction de l'administration centrale de la formation de la police avait été supprimée en 2008 avec la révision générale des politiques publiques, elle a été recréée par mes soins en 2015 au terme d'échanges approfondis avec l'un de mes lointains prédécesseurs, Pierre Joxe. Celui-ci, ayant eu toujours des idées précises sur ce sujet, est venu très vite me parler. Je dis bien volontiers qu'il a inspiré une grande partie de mon action. Ce qu'il m'a indiqué et qui résultait de son expérience m'est apparu frappé de beaucoup de pertinence.
Pour ce qui concerne les forces en charge du maintien de l'ordre, la formation doit être encore plus poussée qu'elle ne l'est pour les autres structures ou services, pour des raisons qui tiennent au niveau d'exposition, à la difficulté de manœuvre et aux risques attachés à l'intervention des policiers en opération de maintien de l'ordre. C'est d'ailleurs pour cela je suis défavorable à ce que le maintien de l'ordre soit conduit par d'autres que les forces spécialisées. Si l'on doit leur adjoindre des forces d'intervention pour permettre des interpellations, elles doivent bénéficier du même type de formation que les forces spécialisées et intervenir dans une étroite relation avec elles sous le contrôle de l'autorité civile, pour faire en sorte que ce qui relève de l'interpellation ne vienne pas obérer ce qui relève de l'efficacité du rapport de force dans les opérations de maintien de l'ordre.
Le niveau de formation est-il suffisant aujourd'hui ? Je ne sais pas comment il a été actualisé. Mais je me souviens qu'à l'époque où j'étais ministre de l'intérieur, à Saint-Astier, les escadrons de gendarmerie mobile suivaient un stage de formation tous les trente-deux mois. Je considérais ceci insuffisant compte tenu du niveau de violence qui montait et de la nécessaire adaptation des conditions du maintien de l'ordre à cette situation. Il y a sans doute beaucoup de choses à approfondir et à améliorer dans la formation, dès lors que l'on part du principe que ce sont les forces spécialisées qui doivent agir.
Sur la formation des policiers en général, une décision a été prise au début du quinquennat précédent pour diminuer la scolarité des policiers de six mois, je crois. On a dit que cette dernière s'inspirait d'une de mes initiatives. Ce n'est pas exact. Dans un contexte où il fallait intégrer rapidement des policiers dans les effectifs, j'avais considéré que nous pouvions réduire la formation applicable aux adjoints de sécurité, depuis renommés policiers adjoints, qui étaient déjà dans les services de police et déjà confrontés aux missions de police. La durée de cette formation, pour une promotion seulement, a été restreinte de six mois. Je pense qu'il faut prêter attention à cette question. Il faut une formation initiale longue, une formation continue permanente et une formation spéciale pour les forces mobiles intégrant les éléments de la désescalade.