Aurais-je le même succès avec cet amendement ? Nous le verrons bien. En tout cas, il vise à supprimer la participation des entreprises d'intérim et des opérateurs privés de placement au service public de l'emploi. Ces entreprises privées sont considérées comme participant au service public de l'emploi, au même titre que les organismes de placement spécialisés dans l'insertion des personnes handicapées ou les associations à vocation d'insertion sociale.
La privatisation rampante du service public de l'emploi ne date pas d'aujourd'hui. Pour l'anecdote, je peux vous dire que je suis retombé par hasard sur le programme de Bruno Le Maire lorsqu'il était candidat à la primaire à droite pour les élections présidentielles, en 2016. La privatisation pure et simple de Pôle emploi faisait partie intégrante de son projet. Fermons la parenthèse.
Si cette privatisation rampante ne date donc pas d'aujourd'hui, votre projet l'aggrave considérablement. À titre d'exemple, je citerai le contrôle, inclus dans l'article 2 de votre projet de réforme, qui n'est pas du tout à notre goût – c'est moins que l'on puisse dire. Ne serait-ce que pour effectuer l'ensemble des contrôles prévus à l'article 2, il faudrait mobiliser, au bas mot, 10 milliards d'euros. Or le projet prévoit entre 2,2 et 2,7 milliards d'euros sur trois ans, financés par l'Unedic, et nous savons tous que le service public de l'emploi est exsangue, que les postes manquent partout.
Votre projet offre donc bel et bien l'occasion de livrer le marché de l'emploi au privé. À travers cet amendement, nous entendons nous opposer à cette logique.